Le Prince oublié, un film de Michel Hazanavicius
Avec The Artist en 2011, ce réalisateur s’est trouvé propulsé au firmament de son métier. Avec juste raison d’ailleurs. Depuis, et malgré trois autres longs d’intérêts discutables pour le moins, le génie s’est mis aux abonnés absents. Il en est ainsi malheureusement aussi de son dernier opus qui, malgré une tête de gondole particulièrement bankable, Omar Sy en l’occurrence, personnalité préférée des Français en 2019, n’arrive pas à décoller.
En voulant interpeller toutes les générations, le réalisateur se perd dans un film trop ambitieux faisant de plus appel à des effets spéciaux qui n’éblouissent plus depuis longtemps. Et pourtant l’idée était maline. Soit un papa, Djibi (Omar Sy égal à lui-même…), qui élève seul sa petite fille de 8 ans, Sonia. Tous les soirs, pour l’endormir, mais quel père ou grand-père n’a pas fait la même chose, il lui raconte une histoire dans laquelle il est le Prince courageux, en permanence traqué par le méchant Pritprout (déjà tout un programme malgré ce pauvre François Damiens). Le film bascule alors dans un monde de rêve hyper coloré, en fait un plateau de cinéma, avec homme-aquarium, dragon et éléphant en laine. Le Prince vole au secours des faibles. C’est la star du film. Il est évident que nous sommes complètement dans la tête et les fantasmes de Djibi. Mais voilà, le temps est venu pour Sonia d’entrer au collège. Son regard croise celui d’un blondinet dont les charmes ne lui sont pas vraiment indifférents. C’est le moment pour la jeune adolescente d’expliquer à son papa qu’un Prince nouveau est arrivé et qu’il peut arrêter ses histoires. Mais Djibi est toujours dans son monde de rêve qui devient en l’occurrence un monde de cauchemars dans lequel il n’est plus la star. Dans l’absolu, pourquoi pas ? On voit à peu près où le réalisateur veut nous entraîner, mais il le fait en se prenant les pieds dans le tapis, flirtant au passage avec des problématiques de deuil, de résilience, abordant même en creux le sort de ces vedettes de cinéma qui passent aux oubliettes. Sans oublier évidemment celle du passage à l’âge adolescent. Cela fait beaucoup vous en conviendrez. Trop plein de bonnes intentions, le film se phagocyte lui-même. Qui trop embrasse…
.