Ce concert aura lieu à la Halle aux Grains le jeudi 5 mars à 20h, donné par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse placé sous la direction de Cornelius Meister, avec pour soliste Josef Spaček dans le Concerto pour violon n°1 de Max Bruch. Beethoven est à l’honneur avec sa Septième Symphonie tandis que le concert débutera par l’Ouverture de Tannhäuser de Wagner.
Ce concert sera doublé le vendredi 6 mars en intégralité
Ouverture de l’opéra Tannhäuser
Ce drame de la rédemption d’un chevalier et poète est le point de départ des révolutions esthétiques du compositeur allemand Richard Wagner. La trame dramatique en est la suivante : Un chevalier chrétien est déchiré entre les plaisirs de la chair offerts par Vénus, déesse de l’amour, et l’amour pur, finalement rédempteur, de la vertueuse Elizabeth. Telle est la trame du cinquième opéra de Wagner, son troisième ouvrage d’envergure après Rienzi et Le Vaisseau fantôme, qui érige les fondements de la révolution esthétique à venir. Grand opéra romantique en trois actes, il est créé le 19 octobre 1845 à Dresde.
Son Ouverture est parmi les plus célèbres du compositeur. Elle est aussi la plus significative car elle appartient encore au premier romantisme contre lequel la lutte du compositeur a toujours été féroce. De cette lutte même, surgit la fascination étrange de cette partition pleine d’échos du passé et pourtant si moderne, encore enivrée des modèles européens, mais encore si indépendante, si solitaire, si innovatrice. À la manière des italiens et des français, Wagner utilise son Ouverture pour énoncer les thèmes conducteurs de l’ouvrage. Ces leitmotive qui deviendront la caractéristique première de l’inspiration wagnérienne sont exploités dans Tannhäuser de manière toujours identique. Ils servent en quelque sorte de citation pure et simple, de points de repère. L’Ouverture, ample, solennelle et imposante débute par le thème des Pèlerins. Le choix du thème sacré importait par rapport à cette lutte entre le sacré et le profane, peut-être l’essence la plus immédiate de l’œuvre. Une fois encore, le mysticisme motive profondément une création et le péché est symbole de destruction et de mort. Ce chœur des Pèlerins que l’on entendra à nouveau au cours de l’ouvrage est ici restitué par l’orchestre dans toute sa progression musicale.
Le passage aux obsessions de la chair, à l’érotisme lourd et dévorant, à la sensualité trouble et enveloppante de Vénus, s’opère sans transition, et une fois encore, le thème est développé dans sa totalité. Cette nouvelle parenthèse présente aussi bien la plainte voluptueuse de Vénus que le chant contestataire et enflammé de Tannhäuser. Moment sans doute le plus original de l’Ouverture, c’est à travers un usage saisissant des cordes que Wagner alterne avec un rare bonheur le désir de Vénus et la volonté de Tannhäuser.
Cet affrontement est celui du désir et de la raison, du vice et de la vertu, de la vie et de la mort dans un jeu de contrastes violents que le Romantisme va faire sien pendant tout un siècle. On notera le lyrismes des cordes et l’abandon extatique du tissu orchestral. Mais les moments d’accalmie durent peu chez Wagner et, de nouveaux accords rageurs, obsessionnels prennent vite le dessus. Le drame se révèle à nous comme une lutte aberrante et inutile contre une fatalité oppressante. Les thèmes se heurtent dans un dialogue serré qui prend la couleur d’une dispute sans issue. Le jeu des antithèses s’opère, entre autres, la volonté de rédemption et l’attrait de la damnation. L’Ouverture deviendra plus tard Prélude pour s’enchaîner directement sur le Vénusberg dont Wagner voudra souligner la corruption à travers une stupéfiante Bacchanale.
Concerto pour violon n°1 en sol mineur, op. 26 de Max Bruch
I -Vorspiel : Allegro moderato
II – Adagio
III – Finale : Allegro energico
D’une durée de vingt-trois minutes environ, l’œuvre, relativement courte, fut créée le 7 janvier 1868. Le compositeur Max Bruch est alors âgé d’à peine trente ans. C’est une œuvre de jeunesse, écrite sur le chemin de la maturité. Son succès sera tel auprès du public que son auteur n’aura de cesse de se plaindre qu’elle fait ombrage à ses autres compositions, pourtant variées. Il commença à l’écrire en 1864, peu sûr de son travail, revint dessus sans arrêt jusqu’en 1868. Une gestation délicate pour même pas vingt-cinq minutes de musique. Première interprétation en 1866 pas tout à fait concluante. Il lui faudra l’aide du célèbre violoniste Joseph Joachim, grand ami de Brahms, pour qu’enfin le mot FIN puisse s’inscrire au bas de la partition. Il l’aura aidé à améliorer la partie de violon solo, adoptera l’œuvre, et en sera le dédicataire. Il sera partagé entre ce concerto de Bruch et celui de Brahms n’hésitant pas à citer pour maxime : « Les Allemands ont quatre concertos pour violon. Le plus grand, le plus libre de concessions, c’est celui de Beethoven. Celui de Brahms, par son sérieux, s’inscrit dans la lignée de Beethoven. Le plus riche, le plus envoûtant, fut écrit par Max Bruch, Mais le plus intérieur, le joyau du cœur, nous vient de Mendelssohn. » Au bilan, Max Bruch sera passé à la postérité avec… une seule œuvre !!
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Symphonie n°7 en la majeur, op. 92 de Ludwig van Beethoven
I – Poco sostenuto – vivace
II – Allegretto
III – Presto
IV – Allegro con brio
Durée moyenne d’exécution : 38 à 42 minutes suivant que certaines reprises sont effectuées ou non.
Effectif orchestral : tous les vents par deux, un contrebasson, quatre cors, deux trompettes, trois trombones, timbales, triangle et pupitres de cordes en 4, 6, 8, 10 et 12.
En 1833, conclusion sur l’impression laissée par l’exécution de la symphonie sur Joseph d’Ortigue dans sa revue musicale La Quotidienne : « …Cette symphonie est un miracle de génie. Partout des idées, des tableaux, des images, de l’inspiration, des effets sublimes, de la poésie. Point de longueurs, point de froid, point de ces moments où l’on pourrait dire que l’Homère musical dort. » pendant que Berlioz en 1836 parle de ce « riche poème musical qu’on ne se lasse pas d’entendre. »
La Symphonie n° 7 est dédiée au Comte Moritz von Fries. Beethoven, pratiquement sourd maintenant, dirigea lui-même la création le 8 décembre 1813, dans la grande salle de l’Université de Vienne – Salieri, Spohr et Meyerbeer jouaient dans l’orchestre…C’est lors d’un concert de bienfaisance au bénéfice des soldats autrichiens et bavarois blessés à la bataille de Hanau. Curieusement, elle est exécutée 18 mois après avoir été terminée. Beethoven y voyait l’une de ses meilleures œuvres. Curieusement, Wagner y voyait l’apothéose de la danse. D’une danse nietzschéenne de l’esprit alors, car rien ici n’invite au divertissement. Peut-être parce que c’est la plus rythmique de toutes les symphonies du compositeur et que Wagner les connaissait bien sûr de la Première à la Neuvième. En revanche, il est difficile de donner tort à Wagner sur le mot d’apothéose, ici éclatante. Ce jour-là, Beethoven dirigeait, outre la Septième, La Victoire de Wellington ou La Bataille de Vittoria qui lui avait été commandée pour cette circonstance, et celle-ci éclipsa d’ailleurs complètement la symphonie ! Un enthousiasme dans l’assistance davantage dû au sentiment nationaliste, à n’en pas douter ! Rejouée le 12, elle fut par contre acclamée et le second mouvement dut être bissé entièrement.
La Septième symphonie est bien l’œuvre d’un génie audacieux qui a su donner de l’ampleur aux formes traditionnelles, créant une forme d’expression très personnelle, sorte de sceau reconnaissable sans difficultés et qui a ouvert les portes du romantisme. Il semble même signifier comme une intemporalité. Elle fut composée en 1811 et 1812 et comporte quatre mouvements. Cette période est l’une des plus productives dans la vie de Beethoven. Au dehors, l’Empire des Habsbourg est à genoux devant Napoléon. Il vient de faire signer le traité de Schönbrunn à l’Empereur François 1er et a épousé sa fille Marie-Louise. Le pays est en plein délabrement économique et ne sera sauvé que par la tenue du Congrès en 1814-1815. Depuis quelques années, Beethoven est reconnu comme le plus grand compositeur de son temps et a acquis une assurance formidable en son génie.
Si ses œuvres pour piano représentent en quelque sorte son intimité, les symphonies sont des œuvres naturellement publiques et Beethoven y adopte un ton et une stature de tribun. Pas de doute ici, pas de tragédie personnelle, mais l’élan et la force, aussi bien à travers le bonheur ou le malheur des peuples. Cette énergie pugnace n’est pas loin d’être unique dans l’histoire de la musique.
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