Pierre a 25 ans quand il rentre du Wyoming pour retrouver Claire sa fiancée et reprendre la ferme familiale.Vingt ans plus tard, l’exploitation s’est agrandie, la famille aussi. C’est le temps des jours heureux, du moins au début… Les dettes s’accumulent et Pierre s’épuise au travail. Malgré l’amour de sa femme et ses enfants, il sombre peu à peu…Construit comme une saga familiale, et d’après la propre histoire du réalisateur, le film porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années.
On va toujours sans conviction voir un film dont le sujet ne nous parle pas de prime abord. A reculons, même. Même si Guillaume Canet tient le rôle principal, en même tant on nous le porte à l’écran chauve et moustachu ça n’aide pas à réveiller l’envie, cela aurait pu en arrêter plus d’un(e)s juste après la bande annonce !!!
Mais l’histoire est. Et l’histoire est à raconter. Le film, à faire ! Une histoire. Une vie. Une descente aux enfers. Celle de Christian Bergeon et de milliers d’agriculteurs en France. Derrière le récit d’un destin, une réalité sociale.
1 agriculteur se suicide chaque jour dans l’hexagone. C’est énorme. Presque incroyable. Statistique ignorée et désespérante. Comme ce monde rude, froid, intransigeant qu’Edouard Bergeon nous met sous les yeux, lui, fils et petit d’agriculteur, aujourd’hui cinéaste.
Alors oui, j’ai aimé. Parce que l’amour rend le sujet universel. L’amour d’une femme, l’amour de la terre, l’amour de la famille. L’amour. Il rend la déchéance acceptable. Il permet au personnage de ne pas tomber raide tout de suite, de plier lentement comme un roseau, d’espérer quelques années avant que ne vibre en lui la démesure de la violence qui arrache des cris gutturaux et signe l’arrêt de mort de ce père-héros déchu. L’arrêt de vie. Brutal. Inéluctable.
Les « femelles » – personnages et actrices – jeunes et plus vieilles – jouent ce rôle fondamental de travailleuses silencieuses et on s’interroge sur la raison de leur enfermement volontaire. Qui, même par amour, pourrait avoir envie d’accepter cette existence là ? On les entend se taire, grincer et se débattre. On les entend pleurer leurs morts.
Les acteurs se dépassent les uns les autres en finesse de jeu et en démonstration d’émotions. Guillaume Canet, juste ; Rufus, « sublimement » silencieux. Veerle Baetens, sincère, et les enfants, cruellement hurlant de vérité.
Pour ceux pour qui l’émotion dirige le regard, « Au nom de la terre » sera un moment fort. Un moment qui permet d’illustrer une réalité sociale et de faire bouger les lignes pour les jeunes agriculteurs …
Sortie en salle le 25 Septembre au Gaumont Wilson
« Au nom de la terre », un film d’ Edouard Bergeon avec Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon, Rufus, Samir Guesmi, Yona Kervern