Katie Says Goodbye, un film de Wayne Roberts
Si vous ne connaissez pas ce réalisateur, c’est un peu normal car il nous présente ici son premier film. Coup d’essai, coup de maître ! Caméra à l’épaule, il va suivre les heurts et malheurs de Katie, serveuse dans un restaurant perdu au fin fond du Sud-Ouest américain, au milieu de nulle part. Katie est une jeune femme d’une bonté souveraine. Elle a en charge sa maman, sorte d’épave fortement alcoolisée, ne faisant rien de ses dix doigts.
Aussi, pour boucler les fins de mois, Katie, en toute simplicité et presque naïveté, mais dans tous les cas sans vice aucun, vend son corps à quelques habitués locaux. Cela lui permet aussi d’économiser car son rêve est de partir à San Francisco et passer un diplôme pour travailler dans un Institut de beauté. Un jour, son regard croise celui d’un nouvel arrivant dans le garage du patelin. C’est Bruno, un ancien taulard, taiseux, introverti, boule de haine contenue. C’est le coup de foudre réciproque, même si les démonstrations sur le sujet sont peu lisibles du côté de Bruno. Et pourtant…
Porté par l’héroïne du dernier Spielberg, Ready Player One, j’ai nommé Olivia Cooke, ce film nous donne à voir cette fois une actrice surprenante, au regard désarmant d’honnêteté, de candeur, Katie éblouissante d’empathie pour la Terre entière, pétrie de bonté et de pardon, quasiment une figure christique à l’égal d’Emily Watson dans le Breaking the waves de Lars von Trier (1996). A ses côtés, Christopher Abbott (Bruno) incarne dans son mutisme toutes les fractures et les séismes sociaux de notre temps. Ce film est le premier d’une trilogie. Il sera suivi de Richard Says Goodbye avec rien moins que Johnny Depp, puis de Billie Says Goodbye. En attendant, le présent opus porte à notre connaissance un réalisateur de grand talent, l’une des valeurs les plus sûres du cinéma indépendant américain actuel. A suivre !
Robert Pénavayre