Musique en dialogue aux Carmélites
Premiers concerts les 27 août et 3 septembre 2017
Moins d’un an après avoir refermé à regret la parenthèse des concerts qu’elle organisait dans le cadre enchanteur de l’Orangerie de Rochemontès, Catherine Kauffmann-Saint-Martin lance, avec le soutien de la Mairie de Toulouse, une nouvelle saison de musique de chambre à la Chapelle des Carmélites. Comme naguère, la programmation présente de grands interprètes dans un haut lieu du patrimoine de la métropole toulousaine mais, et c’est la nouveauté, chaque rendez-vous réunit désormais la littérature et la musique. Si le principe du concert « récitant/musiciens » n’est pas nouveau en lui-même, c’est la première fois qu’une saison entière lui est consacrée à Toulouse ; avec un titre à la réjouissante polysémie, Musique en dialogue aux Carmélites, référence à la fois au concept, au lieu des concerts (dont la première pierre fut posée en 1622 par Louis XIII accompagné d’Anne d’Autriche) et au Dialogue des Carmélites, oeuvre de Georges Bernanos qui inspira à Francis Poulenc son opéra du même nom.
La littérature et la musique, les écrivains et les compositeurs ont souvent fait bon ménage, de nombreuses amitiés et collaborations sont là pour le prouver et les premiers concerts de la saison pour en donner quelques très beaux exemples.
Amoureux des mots et des notes, voici pour vous mettre l’eau à la bouche…
Marie-Christine Barrault, Marie-Paule Milone et Denis Pascal le dimanche 27 août à 15h30
La Note bleue, Chopin et sa musique vus par George Sand et quelques autres…
Lorsqu’on évoque les relations entre les mondes des lettres et de la musique, un couple vient tout de suite à l’esprit, celui que formèrent pendant une dizaine d’années George Sand et Frédéric Chopin. Après leur rencontre à Paris en 1836 (qui n’eut rien d’un coup de foudre, c’est le moins qu’on puisse dire), les deux artistes vont vivre leurs amours compliquées aux Baléares, à Paris et à Nohant où Chopin, de santé et de constitution fragiles, viendra passer sept étés dans la vaste et confortable demeure de la romancière. Choyé par sa très protectrice compagne et inspiré par les sons et les paysages de la campagne berrichonne qui lui rappellent ceux de sa Pologne natale, il y compose une grande partie de son œuvre dont nombre des chefs d’œuvre de la maturité. Dans Impressions et souvenirs, écoutant Chopin improviser au piano, George Sand écrit : « Nos yeux se remplissent peu à peu des teintes douces qui correspondent aux suaves ondulations saisies par le sens auditif. Et puis la note bleue résonne et nous voilà dans l’azur de la nuit transparente. »
La Note bleue, titre d’un film d’Andrzej Zulawski mettant en scène les relations de George Sand et Chopin à Nohant, repris par Marie-Christine Barrault, Marie-Paule Milone et Denis Pascal pour le concert littéraire qu’ils donnent dimanche 27 août à 15h30. Il est inutile de rappeler la carrière de Marie-Christine Barrault, belle actrice aux registres multiples ayant joué devant la caméra de cinéastes aussi différents que Pierre Richard, Éric Rohmer, Jean-Charles Tacchella, André Delvaux, Woody Allen ou Christophe Honoré (entre autres), comédienne dans une quarantaine de pièces de théâtre et remarquable lectrice. Cette fidèle du Marathon des Mots, récitante lors du dernier festival Passe ton Bach d’abord, aime Toulouse comme chacun sait. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’elle est également une grande connaisseuse de l’œuvre de George Sand, habituée du Nohant Festival Chopin (où fut programmé La Note Bleue l’an passé) dont elle est présidente d’honneur depuis 2007. Sans vouloir faire de jeu de mots facile, on peut dire que lorsqu’il s’agit de George Sand et son oeuvre, de Nohant et ses hôtes, de Chopin et ses compositions, Marie-Christine Barrault connaît la musique !
Parmi les lectures au programme de La Note Bleue, la comédienne a rassemblé bien sûr des textes de George Sand consacrés à Chopin et à son art mais aussi des écrits d’artistes tels qu’Eugène Delacroix, Felix Mendelssohn, Richard Wagner, Hector Berlioz, Franz Liszt, Oscar Wilde, Marcel Proust ou André Gide. Si certains furent les contemporains et parfois les amis du compositeur franco-polonais alors que d’autres lui furent postérieurs, tous témoignent à leur manière de leur admiration pour son éblouissant génie.
On ne peut bien comprendre et ressentir ce qu’en disent tous ces admirateurs célèbres sans que la musique de Chopin rythme la lecture de leurs textes. Aux côtés de Marie-Christine Barrault, la violoncelliste Marie-Paule Milone et le pianiste Denis Pascal, duo de musiciens à la ville comme à la scène, unissent leurs (grands) talents pour illustrer chaque témoignage en interprétant une pièce de circonstance. Au menu, des œuvres connues et d’autres qui le sont moins : quelques-unes composées à Nohant rappelant la quiétude du lieu et les soirées de la maison sandienne ; les plus fameuses recréant l’atmosphère des salons parisiens, lorsque Chopin fascinait par la virtuosité de son jeu et la magie de ses compositions une assistance triée sur le volet. Tous deux originaires de la région où ils ont commencé leur formation avant d’intégrer les académies et conservatoires les plus prestigieux, ayant accompli depuis de brillantes carrières internationales, Marie-Paule Milone et Denis Pascal (professeur au CNSM de Paris) sont les fondateurs et organisateurs du festival Tons Voisins d’Albi.
Barrault-Milone-Pascal, un magnifique trio et trois guides avisés pour une bal(l)ade romantique à la découverte du « mystère Chopin »…
Magali Léger, Laure Urgin et Marie Vermeulin le dimanche 3 septembre à 16h
Rien n’est bon que d’aimer, à la rencontre de la cantatrice Pauline Viardot
Encore un trio le dimanche suivant, entièrement féminin celui-ci puisque composé de la chanteuse Magali Léger (une de nos grandes sopranos actuelles), de la récitante Laure Urgin et de la pianiste Marie Vermeulin, toutes aussi brunes que l’était George Sand. Les fidèles des rendez-vous de l’Orangerie de Rochemontès se souviennent sans doute du concert donné lors de la dernière saison par Magali Léger et Laure Urgin, accompagnées alors du guitariste Frédéric Denépoux, dédié à Federico Garcia Lorca et à la musique espagnole. Elles reviennent en terre toulousaine à la Chapelle des Carmélites le dimanche 3 septembre à 16h, le piano de Marie Vermeulin ayant remplacé la guitare, pour une évocation d’une autre figure de la période romantique, la cantatrice et compositrice Pauline Viardot.
Espagnole par son père, le ténor Manuel Garcia, et sœur de la grande mezzo-soprano Maria Malibran, Pauline Viardot fut également une hôte régulière de Nohant. George Sand lui vouait autant d’affection que d’admiration (« L’être le plus parfait ») au point qu’elle s’inspira de la chanteuse pour le personnage éponyme de son roman Consuelo. Ses visites dans le Berry étaient toujours l’occasion de chanter pour la maisonnée… accompagnée au piano par Chopin. Elle fut aussi l’élève de Franz Liszt, donna des concerts à quatre mains avec Clara Schumann, fut la première Fidès de l’opéra Le Prophète de Giacomo Meyerbeer (ceux qui l’ont vu récemment au Capitole connaissent l’extrême difficulté vocale du rôle). Berlioz, Schumann, Gounod et Saint-Saëns composèrent pour elle ou lui dédièrent des oeuvres. Véritable diva du Romantisme, interprète, inspiratrice et amie des grands de son temps, c’est à une figure majeure de la vie artistique du XIXe siècle que Rien n’est bon que d’aimer rend hommage.
Un titre qui rappelle que l’amour et l’amitié étaient au centre de la vie de Pauline Viardot, star de son temps, cantatrice adulée et femme courtisée par Musset et Berlioz, aimée « spirituellement » de Tourgueniev à qui, bien que mariée, elle resta très liée jusqu’à la mort de l’écrivain russe. De ce tourbillon de rencontres, de relations artistiques, amicales ou amoureuses, de cette carrière jalonnée de collaborations prestigieuses et de triomphes, de ce personnage romanesque il fallait témoigner en montant un spectacle. Qui mieux que ceux qui ont compté, œuvré et créé pour elle, par leurs mots et leur musique, pouvaient tracer le portrait le plus fidèle de LA Viardot ? C’est en s’appuyant sur des textes de la chanteuse, sur sa correspondance avec Musset et des poèmes de Marceline Desbordes-Valmore, sur des musiques et airs de Chopin, Liszt, Bellini et Pauline Viardot elle-même que Magali Léger, Laure Urgin et Marie Vermeulin ont bâti leur concert-hommage.
Une plongée littéraire et musicale dans l’existence passionnée et passionnante d’un personnage d’exception, portée par un trio de jeunes femmes talentueuses aussi agréables à regarder qu’à écouter. Oui, Rien n’est bon que d’aimer et on a vraiment hâte d’y être !
Robinson Destouches
1 rue du Périgord, 31000 Toulouse
Site web de Musique en dialogue aux Carmélites : www.musiquendialogue.org
Billetterie en ligne sur : https://musiquendialogue.festik.net/
Réservations à l’Office de Tourisme de Toulouse
www.toulouse-tourisme.com
0 892 18 01 80
Magali Léger et Laure Urgin © Jean-Michel Jarillot
Marie-Christine Barrault © Georges Epp
Marie-Christine Barrault et Denis Pascal © F. de Villeneuve
Chapelle des Carmélites © Ville de Toulouse
Marie Vermeulin © Jean-Baptiste Millot