First Aid Kit : cet été, Culture 31 dresse la liste des albums qui peuvent sauver une vie, à placer dans une trousse de voyage entre l’écran total, le sérum anti-venin et l’Alka-Seltzer.
So Tonight That I Might See appartient à ces albums qui, tels le rêve, obéissent à leur propre espace-temps.
Deuxième album du groupe californien Mazzy Star, il porta ses interprètes en lumière au printemps 1994 grâce à son premier single, Fade Into You, offrant par la même occasion aux programmations des radios et de MTV un peu de profondeur salutaire.
Œuvre mid-tempo en tension permanente, So Tonight That I Might See est à la musique ce que les films de David Lynch sont au cinéma : une plongée cotonneuse dans un univers proche mais mystérieux.
Construit de nappes d’orgues, de guitares sombres et d’éclats de cordes, guidé par une rythmique sèche, son intrigue se noue autour de la voix hantée de Hope Sandoval, tour à tour baby-doll caressante et diva cassée, à l’instar d’une Marilyn Monroe dans Les Désaxés.
Invoquant parfois le Velvet Underground, son atmosphère se déploie comme le parfum d’une fleur vénéneuse, et l’auditeur, capturé par le premier titre (Fade Into You), n’aura aucune chance de s’en échapper, jusque bien après la dernière note du dernier (So Tonight That I Might See).
Et, même s’il finit par se réveiller, certaines incantations l’habiteront toujours, telles Into Dust ou Mary Of Silence.
Album cinématographique évitant tous les clichés de genre grâce à une production ultra-sensible, So Tonight That I Might See confirme ce que certains espèrent sans oser y croire: il existe une alternative à notre réalité, à la fois ici et ailleurs.
Eva Kristina Mindszenti
Fade Into Tou
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Five String Serenade
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Into Dust
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