L’auteur des plus merveilleux romans sur l’Egypte ancienne est aussi un excellent écrivain en matière de thriller, ses fameuses Enquêtes de l’inspecteur Higgins en sont la preuve. Dans son dernier opus, sous rubrique, Christian Jacq se lance dans un nouveau style conjuguant l’écriture qui a fait son succès, faite d’élégance, d’interrogations et de rebondissements, avec une prose un rien plus terre à terre flirtant ostensiblement avec le vocabulaire d’un certain Bérurier cher à San Antonio.
Il est vrai que dans ce dernier livre, il nous fait découvrir un personnage haut, très haut, en couleurs, Bruce, un journaliste d’investigation qui n’a vraiment pas froid aux yeux. Il est l’employé, mais surtout l’ami indéfectible de Mark Vaudois, héritier d’un empire industriel dont le patron, le père de Mark, vient d’être assassiné. Cet homme-là était l’un des neuf représentants d’une confrérie, baptisée Sphinx, détenant les secrets de la vie et dont l’origine se perd dans les millénaires qui ont précédé notre ère. Pour Mark et Bruce, la quête du criminel et la soif de vengeance vont les entraîner dans des sphères ultra dangereuses car ce sont celles qui manipulent le monde aujourd’hui, l’univers de l’information et de l’internet. Objectif de cette sphère : augmenter le cerveau humain et, au passage, l’asservir.
Les opérateurs sont plus que dangereux et, rapidement, les autres représentants sont à leur tour assassinés malgré les moyens énormes que Mark met en œuvre pour les sauver. C’est haletant, angoissant, diabolique car, in fine, ce roman pose une vraie question : qui gouverne le monde aujourd’hui ? Une phrase tirée des dernières pages de ce livre résume la réponse « Le système mondial nous sert : politiciens transformés en comédiens, fausses élites coupées du réel, vide spirituel rempli de fanatisme, administrations totalitaires, banques centrales manipulables à loisir… ». Sous un faux masque de roman, Christian Jacq nous livre ici un constat réaliste autant que consternant de notre temps. Le dénouement, assez inattendu, de cette aventure ressemblerait presque à un testament spirituel. A moins que…
Robert Pénavayre
Une chronique de ClassicToulouse
« Sphinx », roman de Christian Jacq – XO Editions – 387 pages
Christian Jacq © Bruno Levy