Le chef Joël Suhubiette et son Chœur Les éléments ne font pas dans le style artistique racoleur. Ce nouveau CD en est une preuve de plus. Donner des œuvres chantées en trois langues différentes, c’est fréquent, mais quand le russe côtoie le tchèque et le hongrois, ça l’est déjà moins. C’est une vraie illustration du creuset des langues indo-européennes au travers de chants de musique populaire, de scènes paysannes, a cappella ou juste accompagnés au piano. Une manière modeste mais ô combien artistique de participer au développement de la culture slave du XIXè et XXè si riche de musiques et de chants. Une rude tâche à l’appui, considérable, pour sopranos, altos, ténors et basses. Mais l’émotion est bien au rendez-vous pour quelques poignées de secondes comme pour des chants de plusieurs minutes.
L’âme slave, « une âme qui laisse passer la lumière, sans forcément qu’il s’agisse du ciel ou de Dieu, voilà en quoi on reconnaît qu’elle est slave. », écrit Dominique Fernandez. De Dvořák, fort bien représenté, à Ligeti, en passant par Bartók, Stravinski, Rachmaninoff et Tchaïkovski, on visite ces contrées sur lesquelles planent des ombres tziganes, la langue yiddish, l’influence des peuples des Balkans. Envers et contre tout, et malgré les soubresauts multiples et continuels en surface, les ancrages de la musique paysanne et du folklore restent indéracinables, définitivement.
On note l’aide précieuse apportée par la pianiste Corine Durous, remarquable chef de chant dont le contact avec des opéras tchèques ou russes ne pouvait être qu’un plus encore. Ce CD est l’enregistrement live d’un concert donné à Toulouse il y a tout juste un an. Il est dédié à une personnalité toulousaine de la vie musicale, ralliant tous les suffrages, Alix Bourbon, qui a su former et persuader des centaines de choristes au fil des ans.
Un CD qui se…mérite !!
Michel Grialou