« The two faces of January », un film de Hossein Amini
On aurait aimé saluer et applaudir des deux mains le premier long de ce talentueux scénariste iranien. S’inspirant ici du roman éponyme de Patricia Highsmith, papesse incontestée du thriller psychologique format bestseller, Hossein Amini nous entraîne en Grèce à la suite d’un couple de touristes américains très glamour, Chester (Vigo Mortensen) et Colette (Kirsten Dunst). Ils vont être repérés par Rydal (Oscar Isaac), un jeune guide qui va tout faire pour entrer en contact avec eux. Le malheureux ne sait pas encore où il met les pieds. Autant séduit, et pour différentes raisons, par Chester que par son épouse, Rydal accepte un certain nombre de compromis pour leur rendre service et les aider à quitter le pays. En fait, assez rapidement le scénario dévoile la face sombre de chacun des protagonistes. D’où le titre. En lui-même il faut reconnaître que ce pitch n’a rien d’original. La visite touristique n’est qu’un prétexte, le vrai but de leur présence ici même est tout autre. Que dire sur ce film propre sur lui, lissé au cordeau, bien incarné, admirablement filmé et qui, pourtant, laisse quasiment de marbre. On en viendrait presque à s’ennuyer malgré quelques séquences à forte décharge d’adrénaline (celle de la gare en particulier). Le problème, et il est rédhibitoire dans ce genre cinématographique, c’est qu’on y croit…à moitié. L’alchimie du genre est difficile. A vouloir faire de ce triangle amoureux une réplique de Thésée, Ariane et le Minotaure (une scène se passe dans le labyrinthe de Cnossos), le réalisateur-scénariste s’est pris les pieds dans le tapis d’un projet peut être un rien trop ambitieux. Et ce ne sont pas de magnifiques prises de vue à l’intérieur même de l’Acropole qui peuvent sauver l’affaire.
Robert Pénavayre