Connaissez – vous Hossein Amini ? Non ? Rien d’étonnant à cela.
Cela montre simplement que vous n’êtes pas apparenté à un de ces névrosés attentifs amateurs du 7ième art, pour qui le nom du chef opérateur qu’engageait d’ordinaire Ingmar Bergman est plus connu que celui de Paris Hilton. Cela induit que vous ne faites pas non plus partie du club très fermé de ceux qui, restés bieeeeeeeeen longtemps après que les lumières se soient rallumées dans la salle, tentent d’élucider le mystère autour de la pellicule utilisée lors du tournage (ah ben tu vois, je t’avais bien dit que c’était de la fudak, on reconnaît le grain). Ceux – là savent sûrement de qui je cause.
Pour faire simple, Hossein Amini a été pendant longtemps scénariste. C’est d’ailleurs grâce à lui qu’on a pu un jour voir Drive, claque – dans – la – gueule – de – film s’il en est.
Si jusque – là le monsieur ne paraissait pas trop frustré par son activité première, il semblerait que la découverte d’un roman de Patricia Highsmith l’ait incité à élargir ses activités.
Élégant couple de touristes américains, Chester et Colette Mac Farland visitent l’Acropole et les douceurs du bassin méditerranéen.
Non loin de là, Rydal, jeune expatrié aux semblables origines, officie en tant que guide, n’hésitant pas à filouter les jeunes filles qui croisent sa route.
Chester remarque l’intérêt que leur porte Rydal, il envoie sa femme pour tenter d’en apprendre davantage. Sous le prétexte d’une visite au marché aux puces, Colette engage le jeune homme, tout acquis à ses charmes.
Après une agréable journée en sa compagnie, les Mac Farland regagnent leur hôtel. Alors que dans la chambre l’humeur est badine, on frappe à la porte. À la vue de l’homme derrière, Chester se décompose, tout comme la perspective d’un séjour joyeux sous la lumière des Cyclades.
The two faces of January ravira les amateurs de films noirs made in 60’S, ce genre si spécifique où le chic ultime passe par un costume en lin un peu froissé et un panama assorti, où les dames parées de leurs plus belles toilettes commandent avec grâce un martini dry au bar de l’hôtel, où des valises ornées de double fond dissimulent des rouleaux de dollars, où il est si facile de se procurer une nouvelle identité, où l’on peut fumer partout (dans les avions, les restaurants, sur les bébés), fumer, fumer et fumer, encore et toujours, un genre où les lunettes en écailles sont de mise, où la distinction règne, même chez le traître.
Les mêmes amateurs trouveront cependant que le film emprunte beaucoup à certains de ses prédécesseurs. En effet, comment ne pas penser à Plein Soleil ou même à celui qui s’en inspira quelques années plus tard, Le talentueux Mr Ripley ?
Même époque, mêmes régions du monde, même sujet (triangle amoureux, mensonges, manipulations), difficile de faire l’abstraction.
Si Hosseim Amini ne bouleverse pas l’histoire du cinéma par sa première réalisation (mais ne soyons pas trop prompts à juger, qui sait ce que nous réserve la suite ?), il démontre une réelle aisance à décortiquer les relations humaines, en captant habilement les désordres intérieurs de ses personnages.
Il est vrai qu’il a su faire appel à des comédiens doués. Un léger bémol toutefois concernant Oscar Isaac, dont le jeu d’acteur et le charisme m’évoque l’épagneul breton (assurément une question de point de vue, je vous l’accorde).
Kirsten Dunst (perdue de vue depuis un moment) a gagné une franche et intéressante maturité, tout en conservant cette fraîcheur qui la caractérise. Quant à Viggo Mortensen, il y est plein de subtilités, naviguant (sans effort) entre rupture imminente, folie et affres de la jalousie, époustouflant comme à son habitude (ceci dit, le jour où ce gars jouera avec ses pieds, prévenez – moi).
Film à l’ossature classique, The two faces of January se maintient dans un juste milieu, ni mauvais, ni excellent. On dira que c’est déjà pas mal.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio