A l’Espace Croix Baragnon, en mars, on pouvait voir l’exposition FEMINITES (dans le cadre du festival Made In Asia) et en particulier les dessins au crayon de Mirka Lugosi et Virginie Loze. La finesse et la douceur des dégradés pour évoquer l’intime chez l’une tandis que l’autre plante en quelques traits l’angoisse de la violence faite aux femmes. Chacune à sa façon nous promène au coeur de nos questionnements féminins.
A la Galerie Alain Daudet, plusieurs peintres attirent l’attention :
KERDALO, dans ses paysages de rue, saisit quelque chose de l’instantané urbain sublimé par des lumières rasantes irréelles.
Jean-Marc AMIGUES passionné de flous et de distorsions optiques les retranscrit dans des dégradés subtils qui s’évanouissent quand on s’approche de la toile. Semblant travailler sa peinture au numérique, il interroge la communication entre les arts. Ses rues floutées de Barcelone traduisent bien, la célérité, le mouvement dans l’espace urbain.
Et puis, il y a les portraits de Thierry CARRIER, huiles sur toile dont la touche renvoie à la fois à Lucian Freud sans l’aspect torturé et à Franz Hals dans sa quête de rendu de vitalité. Dans ses tableaux, le peintre pose sur les gens un regard d’une actualité indéniable.
Dans un monde où l’individu est érigé en valeur unique et suffisante, où le narcissisme est moteur de tout sentiment de soi, il installe dans de grands formats, dignes de l’ego surdimensionné d’un dictateur soviétique, des quidams sans histoire, sans physique, sans inscription sociale particulière. Ce sont juste des gens, nous pourrions être ces gens. Mais ils sont là, présents, dans une vitalité brossée à fleur de pinceau sous une lumière artificielle surplombante. C’est comme si aujourd’hui seule cette présence de la personne devait être montrée et non la réussite, la beauté, la stature, la position sociale d’un homme ou d’une femme, ressorts de l’art du portrait au cours des siècles passés.
A la Galerie des Carmes, vous avez peut-être eu l’occasion de découvrir l’univers de Dan Montelet et ses mondes miniatures emprunts d’Histoire et de mythes. Au croisement des arts et des médias (peinture, dessin, architecture, sculpture, tableau, bande dessinée et livre), ces oeuvres ont pour trait d’union des structures blanches sorte d’exosquelette en bas relief dessinant des jeux d’ombre changeants dans ces espaces mystérieux.
Anne Dargenton
Un article paru sur Jardins Mentaux.