Cheveux peroxydés, khôl qui dégouline, rock n’ roll attitude, Daisy la petite new – yorkaise débarque chez des cousins anglais qu’elle ne connaît pas, à son corps défendant.
C’est son père qui l’a envoyé passer ses vacances chez sa tante Penn, en plein coeur de la campagne anglaise. Ses cousins, ravis, lui réservent le meilleur des accueils, elle se comporte comme une peste. Elle n’a aucune envie d’être ici, souffre du rejet paternel et ne se sent pas à sa place dans cette famille où règne une joyeuse cacophonie. La grande maison est sans cesse traversée d’animaux, débordante de vaisselle sale, chacun y suit son propre rythme et ses envies (les enfants sont quasiment livrés à eux – même, leur mère étant accaparée par son travail).
L’adolescente renfrognée se détend au fil des jours, adopte les us et coutumes locaux, découvre la vie de famille. La présence d’Eddie n’est pas étrangère à sa transformation. Protecteur et mystérieux, il aime la nature, parle peu mais a tout pour séduire une petite citadine effrayée par une vache, obsédée par l’hygiène et l’éradication des germes.
Cet été – là, la vie est douce autour d’un feu, au bord de la rivière.
Mais si elle fait tout pour ne pas l’entendre, la petite bande ne peut totalement ignorer la rumeur qui enfle depuis des semaines, les avions de chasse qui soudainement déchirent le ciel, les attentats qui se multiplient un peu partout en Europe, la menace sourde qui étire ses tentacules immondes.
Cela n’a rien d’irréel, l’horizon s’obscurcit, une troisième guerre mondiale se profile, menaçant l’avenir jusqu’ici radieux des amoureux.
En ce début de semaine où rien ne m’attirait spécialement en salle, je me suis orientée un peu par hasard sur ce How I live now. Il faut dire que je trouvais l’affiche jolie (j’ai des critères de sélection très élaborés), j’avais également vu que son réalisateur en était Kevin MacDonald (son long – métrage, Le Dernier roi d’Ecosse, m’avait pas mal impressionné).
Le metteur en scène livre ici sa vision d’une société telle que nous la connaissons, frappée par toute l’horreur et la brutalité d’une guerre. Si certains aspects du film (et son aboutissement) sont un peu troublés par des élans superflus de romantisme, la globalité du long – métrage reste de très bonne facture, nous interpellant d’un message fort.
La montée des évènements, où le conflit est rarement visible (et mené par un ennemi anonyme), est adroitement traitée, installant un sentiment d’urgence diffus et d’oppression permanente. La transposition d’un conflit armé dans nos contrées est d’ailleurs le point fort du long – métrage, donnant ainsi une tout autre dimension aux évènements, conférant une proximité terrible à la guerre*, une réalité que l’on a tendance à oublier (car pour nous, la chose est abstraite, toujours lointaine).
Kevin MacDonald s’approprie un sujet dense (adapté d’un roman de Meg Rosoff), signe une réalisation efficace. Poussant ses personnages dans leurs derniers retranchements, How I live now navigue dans un domaine proche de films comme La route ou Les fils de l’homme (toute proportion gardée).
Bien qu’incarnées par de très jeunes acteurs, les interprétations n’en sont pas moins brillantes. Saoirse Ronan (carrière encore juvénile mais parcours sans faute, elle ira loin cette petite) et Georges Mackay (à qui je prédis à peu près la même chose) personnifient ces amoureux qui vont tout faire pour se retrouver.
Long – métrage d’anticipation perturbant, How I live now vient gratter là où ça fait mal tout en révélant une jeune comédienne à l’avenir prometteur.
En vous remerciant.
* : Tout comme dans cette vidéo réalisée par Save the children (association venant au secours d’enfants dans le monde entier) où la vie d’une petite fille britannique bascule en quelques mois, à voir ici.