« Capitaine Phillips », un film de Paul Greengrass
Avril 2009, un géant des mers transportant plus de 2000 tonnes de containers se fait accoster au large des côtes somaliennes par un bateau-pirate. A bord de ce dernier, quatre jeunes hommes somaliens. Ils sont le dernier maillon d’une longue chaîne mondiale mêlant toutes les turpitudes de notre temps et le terrorisme en particulier. Le job consiste à s’emparer de cargos lourdement chargés et de négocier son rendu contre une forte somme, versée en particulier par des sociétés d’assurance. Et ça marche. Pas toujours quand même. C’est l’histoire de l’un de ces faits divers que Paul Greengrass met en scène dans son dernier opus. Le cargo se nomme Maersk Alabama et arbore pavillon américain. Pendant que le Capitaine Phillips (superbe Tom Hanks) en prend le commandement, loin de là, sur la côte somalienne, les chefs de guerre envoient deux équipages en mer afin d’arraisonner un bateau un peu esseulé au milieu de l’océan. Un entraînement de routine pour parer à un piratage à bord du Maersk Alabama se transforme en temps réel en alerte véritable. Une lance à incendie défectueuse offre aux pirates une fenêtre d’accostage. Planqué au fin fond du cargo, l’équipage est en sûreté. Il en va autrement des principaux officiers, et plus particulièrement du Capitaine Phillips. 2H15 après, vous aurez l’impression de ne pas avoir respiré une fois. Ce film d’action est une réussite de tout premier plan. Cela dit, le réalisateur ne s’est pas contenté de faire un film à la gloire de l’armée américaine. Loin s’en faut. Au travers de certaines séquences et de la relation implicite qui va se nouer entre Phillips et le chef pirate Muse (Barkhad Abdi, saisissant !), c’est tout le désarroi d’une population poussée à la famine et au désespoir par de sordides enjeux économiques et politiques qui nous saute aux yeux.
Robert Pénavayre