Excentrique, drôle, loufoque, jubilatoire, Les Vagabondes, éloge de la potentialité et des jardins quantiques met en scène Alain Béhar et des végétations mouvantes du 15 au 17 janvier 2018 au Théâtre Garonne.
C’est un vieux clown fou qui se perd dans son propre flot de paroles au milieu d’un jardin mi-végétal mi-digital en constante mutation. Une histoire « un peu dingue » selon Alain Béhar, auteur-acteur-metteur en scène de la pièce, sur une quête vaine et permanente de l’art. Interview.
D’où vous est venue l’idée d’une telle scénographie végétale ?
C’est grâce à l’ouvrage du paysagiste Gilles Clément «Éloge des Vagabondes » que l’idée m’est venue de plantes et de fleurs qui circuleraient au gré des vents. C’est une métaphore de la liberté. La liberté de toujours avoir des projets et de ne jamais les réaliser. Dans la pièce, le personnage Roland fait un récit de sa quête artistique, de ses projets qu’il ne réalisera jamais. Ce sont des possibilités toujours laissées ouvertes.
Justement, ces plantes qui, au fil du monologue s’enlacent, métaphorisent aussi l’état de paralysie d’un personnage impuissant, incapable de faire des choix ?
Non. Je ne parlerais pas d’impuissance mais plutôt d’une joie de la procrastination. On peut avoir l’ impression d’un personnage tragique mais c’est un clown. Roland ne se plaint pas de son incapacité à agir. Dans le titre de la pièce, l’«éloge de la potentialité » signifie justement cette potentielle puissance du personnage car toutes les possibilités s’offrent à lui.
La scénographie végétale a-t-elle préexisté au texte de la pièce ou bien l’idée d’un jardin vivant vous est venue après coup ?
Elle s’est imposée à moi pendant le travail. Lorsque j’ai écrit le texte, il y avait des noms de plantes. L’envie m’est alors venue d’une invasion. Comme je n’aime pas être seul sur scène, un second personnage incarné par Montaine Chevalier, développe le jardin. Ainsi deux spectacles se juxtaposent. Une scénographie théâtralisée et plusieurs récits racontés par Roland.
Avez-vous rencontré des difficultés pour cette mise en scène ? Une représentation en extérieur serait-elle envisageable ?
Je n’ai pas rencontré plus de difficultés qu’avec d’autres représentations. Les plantes sont livrées par la mairie en camion et nous complétons en allant chercher des branchages. Bien sûr il ne faut pas être à court de végétation. Il y en a un peu moins en janvier. J’aimerais bien le faire en extérieur oui même si le ressenti pour le spectateur serait différent. Au lieu d’une odeur ciblée des plantes sur la scène nous aurions une odeur naturelle d’extérieur. Cela raconterait autre chose. Je suis impatient de voir ce que cela va donner en hiver. D’ailleurs, pour la prochaine représentation des Vagabondes à Montpellier, la pièce se déroulera pour la première fois dans une serre.
Dans son monologue, Roland s’exprime rapidement en passant brusquement d’un sujet à l’autre. Y a-t-il une volonté de perdre le spectateur ?
Non, du moins pas intentionnellement. Mais il n’est pas possible de ne pas s’y perdre. Le spectateur doit se détacher d’une volonté de suivre le discours phrase par phrase. Je dirais qu’il y a plutôt une volonté de saouler joyeusement le spectateur. Ce spectacle est léger. C’est une ode à la vie que l’on pourrait apparenter à une enfance de l’art et de la vitalité.
Que se passe-t-il à la fin ?
La pièce s’achève en 2043 avec l’idée que Google aurait tué la mort. C’est une pièce un peu dingue et une critique indirecte du marché de la vie et de l’art. On pourrait y lire une forme de colère mais elle n’est pas centrale. A chacun de faire son propre ressenti.
En quoi cette pièce est-elle différente de vos précédentes ?
Le fait que je n’aie plus joué depuis longtemps. Certains de mes amis m’ont incité à le faire. Et comme je connais le rythme de l’écriture et que j’avais plaisir à jouer cette expérience singulière j’ai sauté le pas.
Claire Eckersley
Les Vagabondes, éloge de la potentialité et des jardins quantiques
Du 15 au 17 janvier 2018
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