À Balma, La Grainerie ou fabrique des arts du cirque et de l’itinérance, se révèle être une sphère entièrement dédiée à ces arts de l’exploit et de la technique, de l’imagination et de la chorégraphie. Elle réunit des producteurs, des techniciens, des créateurs, des pédagogues et administrateurs mais aussi et par dessus tout des artistes, pour faire vivre plus vigoureusement la discipline sur le territoire.
Un lieu polyvalent : au centre, la création avant tout
La Grainerie se positionne comme un véritable pivot du développement des projets artistiques dans la filière du cirque, à toutes les étapes de leur évolution. Comme un coup de pouce aux toutes jeunes créations encore en préparation mais aussi un coup de projecteur sur des spectacles déjà bien lancés. De la recherche et la construction des représentations que sont les Cirques en chantier comme Z Machine et son spectacle « Femme sans nom » le 3 novembre, aux premiers pas sur scènes avec les Premiers Tours de pistes à l’instar de la Compagnie Clone avec « 2005 », le 13 décembre : le maître mot demeure sans nul doute la création.
La structure a fait le choix de se diriger dans diverses directions pour répondre au mieux aux attentes du territoire. A l’évidence, elle soutient l’émergence artistique par l’accompagnement de nouveaux projets. Elle met également à disposition une salle d’entrainement où se réunissent près de 500 artistes adhérents. Chaque année, une quinzaine de nationalités est d’ailleurs représentée.
Autre grand axe de La Grainerie, la mise en place et la coordination d’actions internationales. A titre d’exemple, le programme de coopération De Mar a Mar regroupe notamment quatorze partenaires : des écoles du cirque, des universités et des centres de création, des deux côtés de la chaîne pyrénéenne. Ces structures s’associent pour établir des réseaux de solidarité entre équipes établies et artistes émergents : du travail créatif, de la diffusion mais aussi de la formation. L’idée est de construire une vraie dynamique internationale mais surtout de suivre un véritable parcours d’artiste. Le projet attaquera donc avec des programmations itinérantes notamment au travers de l’Européenne de Cirques en octobre prochain.
La Grainerie permet l’éducation artistique et la mise en contact des acteurs de ce domaine, pour toucher par d’autres moyens que la diffusion traditionnelle, devant un public dit classique : une autre et nouvelle porte d’entrée sur ces arts. Enfin, elle propose une véritable saison métropolitaine des arts du cirque, dans notre région, qui constitue en outre la deuxième communauté circassienne au monde.
Le vrai temps fort de l’année : L’Européenne de Cirques du 5 au 22 octobre
L’Européenne de Cirques s’est bâti selon une formule bien établie : « Ce qui nous construit vient d’ici et d’ailleurs ». Si la construction européenne est un thème provoquant de vifs débats ces temps-ci, il semble clair que la création et le développement d’un réseau à l’échelle européenne s’applique tout aussi bien au cirque, discipline résolument multiculturelle.
La manifestation a aussi trouvé sa définition : « une combinaison d’itinéraires artistiques et d’itinéraires de territoire » ou comment sillonner la région pour découvrir des univers, d’artistes venus de multiples horizons ? Ce temps fort se déroulera du 5 au 22 octobre 2016. Au programme, une série de propositions originales, parfois décalées mais toujours surprenantes. Dans le cadre du Focus Pact, avec le soutien du Studio de Toulouse-PACT, Pépinière des Arts du Cirque toulousaine mutualisé avec le Lido, Centre des arts du cirque de Toulouse, la manifestation propose diverses représentations : l’humour noir et l’absurde d’Oktobre, les trapèzes de June Compagnie, l’équilibre cubique de Nacho Flores et bien d’autres encore.
La Grainerie s’inscrit donc au cœur d’un processus d’accompagnement artistique complet afin de mettre en lumière des équipes pétries d’initiatives inventives liées aux arts du cirque. Serge Borras, directeur de la structure a répondu à quelques unes de nos questions.
Quelles sont les origines de La Grainerie ?
Le collectif à l’initiative de La Grainerie, date d’une vingtaine d’années. L’idée de départ était de mutualiser des lieux pour stocker du matériel nécessaire aux arts du cirque et de l’itinérance. En 2002, le collectif se formalise et devient une association dont le premier local était un lieu pour stocker les graines. Dans le cadre d’une mission de reconnaissance des nouvelles dynamiques artistiques, les activités de la Grainerie sont repérées par la communauté urbaine de Toulouse dans le but d’élargir le public atteint par ces spectacles. En 2010, l’association intègre les locaux actuels. Le projet se précise et passe de la coordination à la direction.
Quelles sont les valeurs portées par les arts du cirque et de l’itinérance ?
Ce sont des arts très novateurs qui sont imprégnés de recherche, d’imagination et d’expérimentation. On n’y trouve très peu d’objets préconçus. La base de cet art est évidemment physique : l’exploit y est prépondérant mais encore une fois toutes les pistes sont ouvertes. Les notions de remise en jeu et de prise de risque sont importantes. Le potentiel créatif est très fort. C’est un art populaire : l’approche est simple pour le public donc accessible à tous, la plupart du temps. Une troupe qui dure dans le temps est une équipe soudée où règne la confiance, les valeurs de groupe, l’écoute et le respect.
Parlez-nous un peu de la programmation du début de la saison 2016-2017.
Pour dire quelques mots de la nouvelle programmation, nous avons attaqué en coréalisation avec Arto dans le cadre du 29ème festival de rue de Ramonville, les 10 et 11 septembre, avec la Compagnie d’Elles qui traite de la question du cirque au féminin. Le cirque est un domaine très genré mais petit à petit on arrive à sortir de cela. Il s’agit d’une sorte de pièce de cirque : on y retrouve les fondements du cirque liés à l’écriture théâtrale. La compagnie pousse cela au maximum et combine à merveille ces deux arts. Ils ont une identité très forte et axe leur travail sur le physique et l’investissement corporel. On peut ensuite parler de la compagnie Lapsus dont c’est le premier tour de piste, le 29 et 30 septembre. Eux, se consacrent au travail de l’espace sur le thème de la légèreté. Les enjeux de ce spectacle sont comme évanescents et aériens. Il est difficile de faire un choix entre tous nos spectacles : j’ai donc choisi de parler de ceux qui vont arriver très tôt dans la saison.
Marjorie Lafon
61 rue Saint Jean
31130 Balma
Crédit Photos
La Grainerie ou fabrique des arts du cirque et de l’itinérance © Arthur Bramao
Salle d’entraînement de La Grainerie © Arthur Bramao
OKTOBRE © Daniel Michelon
Alphamorphose © Ian Grandjean