Edouard Louis publie Au cœur de la violence, aux éditions Seuil. Une adaptation théâtrale de son deuxième roman, Histoire de la violence. On y retrouve son écriture féroce, clinique et un sujet hautement sensible.
En 2016, Edouard Louis publiait un roman qui ne passait pas inaperçu. Dans la lignée autobiographie de son premier roman, En finir avec Eddy Bellegueule, il évoquait une nuit de décembre traumatisante. Ce soir-là, plus précisément le soir de Noël, Edouard se fait aborder dans la rue par un jeune homme. Ce dernier lui pose des questions, mais Edouard est pressé de rentrer chez lui. L’inconnu insiste. Edouard répond et un dialogue se met en place. Scène qui se poursuivra ensuite chez Edouard. Un huis clos se referment sur les deux garçons qui discutent et font l’amour. Tout se passe plutôt normalement jusqu’à ce qu’Edouard, en sortant de la douche, remarque que Reda – ainsi se nomme l’inconnu – lui a volé son iPad. Edouard en fait la remarque et, aussitôt, la violence entre en scène.
Vivre l’impensable
Réda devient incontrôlable, hurle sur Edouard, lui dit qu’il va lui « faire la gueule ». Edouard, terrorisé, essaye de calmer le jeu, dit que ce n’est pas grave, qu’ils repartiront à zéro. Trop tard, Réda est parti en vrille, il sort un pistolet, continue de s’agiter, violente et viole Edouard. La nuit dure sans fin, mais Réda finit par s’enfuir. Alors Edouard ne sait plus quoi faire. Il nettoie l’appartement, frotte, désinfecte, lave, il faut que l’odeur, la salissure parte. Mais rien n’y fait, le mal est entré dans son corps. Alors parler à qui ? La Police ? Edouard se rend dans un poste de police et découvre la violence des mots, des jugements aussi. Plus tard, c’est à sa sœur Clara qu’il parlera et elle-aussi donnera une version des faits différente à son mari.
La difficulté des récits
Au cœur de la violence retranscrit ce que le roman mettait déjà en exergue à savoir ces visions différentes qui se croisent autour d’un même événement. Le regard porté par chacun. Le roman était déjà très prenant grâce à ces différents niveaux de lecture, la version théâtre accentue encore plus cette mise en abyme afin d’évoquer la culpabilité, la honte, la souffrance, l’intériorité.
Six ans plus tard, Edouard Louis, accompagné de Thomas Ostermeier, reprend donc ce texte et en extrait toute sa puissance.
En janvier 2020, la pièce sera présentée au Théâtre de la Ville.
Edouard Louis, Au cœur de la violence, Seuil, 160 p.
Photo : Edouard Louis © Arnaud Delrue