Impressions de concert
Dimanche dernier au Metronum de Toulouse, Tamino donnait son dernier concert de l’année 2019 et bouclait une tournée qui a magistralement signé la reconnaissance internationale de ce tout jeune et talentueux artiste: salles combles, festivals d’été, ouverture de Lana del Rey, etc.. Une tournée extrêmement cadencée qui l’a mené sur les scènes d’Europe, d’Amérique du Nord, et en Afrique du Nord bien sûr – reconnexion oblige avec son ascendance égyptienne.
Initialement programmé en avril dernier, son concert à Toulouse avait été annulé pour mettre impérativement au repos des cordes vocales fort sollicitées et touchées par un refroidissement. Désolant à l’époque, mais pas surprenant lorsqu’on entend dans quelles extrémités il pousse sa voix de folie… Une voix avec un grain, assurément, aussi soyeuse dans les graves que céleste dans les sur-aigües où il la perche parfois – en live, c’est même inespéré (pince-moi je rêve!)
L’élévation est d’ailleurs ce qui peut résumer l’expérience Tamino pour un auditeur, que ce soit à l’échelle d’une chanson et de sa petite histoire ou en suivant la dramaturgie d’un concert entier. Pour accéder à ces hauteurs, voix, mélodies et arrangements minimalistes rivalisent d’efficacité et délivrent d’excellentes chansons pop. Car si on veut bien oublier deux secondes l’indéniable séduction du personnage Tamino, la qualité de ses chansons demeure la raison essentielle de son succès. Oublions aussi d’ailleurs l’étiquetage trop facile de pop arabe. Tamino lui-même s’en défend. Auteur-compositeur des plus personnel, il puise essentiellement dans ce qu’il ressent et l’exprime avec ce qu’il est. Cette transparence le distingue des auteurs en panne d’inspiration, grands experts en revanche pour habiller un pur concept avec du storytelling et du bidouillage façon world-music. Dans la musique comme dans toute création artistique, au plus on est près de sa vérité, meilleure sera l’œuvre.
Sincérité, sobriété, sans oublier une infinie douceur, voilà qui contribue sans doute à cette présence scénique impressionnante qu’il dégage sans la moindre mise en scène. Une telle puissance d’être ne se définit pas. Tout juste peut-on la reconnaître: ici à ce léger déhanchement, guitare en bandoulière et regard perdu, qui nous fait irrésistiblement rapprocher Tamino de cet autre ange penché sur le monde qu’incarnait le regretté Bruno Ganz dans le film Les Ailes du Désir de Wim Wenders.
S’il n’est pas un ange, Tamino est-il au moins un songe? Ou juste la musique d’un songe que l’on ferait les yeux mi-clos, sur le fil d’une conscience hésitant entre nostalgie et désir…?
Pour mars 2020, Tamino annonce une petite tournée en solo, guitare/voix, et c’est comme ça: down to the bones comme disent les anglais, qu’il est à son meilleur. Mais ce sera pour les USA et le Canada – be there les cousins!
Et pour prolonger le plaisir, la captation ARTE de son concert de novembre à l’Olympia de Paris!