Fahim, un film de Pierre-François Martin-Laval
Il n’y a rien de plus vrai, si ce n’est à la marge, dans cette histoire. Etroitement inspiré d’un récit autobiographique, coécrit par Fahim lui-même, le scénario nous met dans les pas d’un adolescent bangladais au début des années 2000, à Dacca. Virtuose, la scène liminaire mélange images d’archives, d’une rare violence, et prises de studio.
La colère fait plus que gronder et la vie de Fahim est en danger. Son tort : être un génie de 8 ans aux échecs, susceptible d’entraver le sacre de ses homologues indiens. Une solution, dure, l’exil. Fahim part donc avec son père pour Paris, laissant derrière lui sa mère et sa sœur. La Ville lumière se garde bien de l’accueillir à bras grands ouverts. Fahim va donc connaître une vie itinérante, d’hôtels miteux en bords de Seine. Mais son père s’est renseigné sur l’enseignement des échecs dans la capitale française et un nom lui est révélé, celui de Xavier Parmentier. Pour le film il s’appellera Sylvain et sera incarné par un Gérard Depardieu bouleversant. Rapidement Sylvain entrevoit les capacités hors normes de Fahim. Elles vont l’entraîner jusqu’au championnat de France des moins de 12 ans. Problème, le jeune garçon et son père sont poursuivis par la Police car sans papiers. C’est un coup de fil donné en direct sur France Inter le 14 mai 2012 à François Fillon qui va décider du sort des deux exilés. A peine croyable. Et pourtant…
C’est un hasard miraculeux qui a mis Assad Ahmed (Fahim) en présence du réalisateur. Ce jeune acteur est proprement exceptionnel, tant par sa présence et son regard, que par la volonté dont il habite son personnage. Inutile d’être un expert aux échecs pour apprécier ce film littéralement enthousiasmant même s’il souligne en creux les plaies de notre société.