Nelson Goerner un peu déconcertant
Le pianiste Argentin Nelson Goerner est un musicien que j’apprécie beaucoup et dont j’ai régulièrement la chance de rendre compte. Ce soir le changement de programme bien compréhensible, les choses sont annoncées presque un an à l’avance, a eu plus d’importance que prévu. Enlever toute œuvre de LISZT est décevant pour ceux qui voulaient entendre des pièces de ce compositeur. Mais il fallait laisser une chance au compositeur remplaçant. Il faut, et ce n’est pas lui faire injure, reconnaitre que Paderewski n’a tout simplement pas l’envergure de Liszt. Excellent pianiste , Paderewski a été un grand interprète de Chopin reconnu dans le monde entier et nous lui devons l’organisation de son catalogue, mais la musique de Paderewski, du moins dans cette composition, apparait bien conventionnelle et sans charme. Ces variations sont une pâtisserie boursoufflée, grasse et lourde. Et la fugue est bien poussive. L’art de Nelson Goerner n’y a rien pu ; l’ennui a donné la main à l’agacement. Quand Funérailles, jeux d’eau à la villa d’Est et Rhapsodie espagnole de Debussy étaient prévues…. Cela met cruellement en lumière qu’un changement de programme annoncé dans la salle de concert peut être une vraie déception justifiée pour le public.
Quoi qu’il en soit les deux nocturnes de Chopin qui ont ouverts le récital ont été élégants et bien phrasés mais sans aura particulière. Les bien trop longues variations de Paderewski ont plombé l’ambiance. Après l’entracte ou les commentaires sont allé bon train sur ce que d’aucun ont appelé un manque de respect du public, nous avons retrouvé le Nelson Goerner que nous aimons. A Nouveau des variations mais très inspirées de Fauré ; elles ont été une merveille de couleurs, nuances et phrasés. Et en sommet du concert la dernière œuvre, à la fois émouvante puis brillante a conquis le public. Un Chopin ample et nuancé, charpenté et délicatement coloré. Et ce charme si singulier que le jeu inspiré de Goerner développe. L’Andante spianato a été chanté à l’envie et la Grande Polonaise a brillé de mille feux. Les bis ont récompensé le public reconquis. Dont un inénarrable Beau Danube bleu arrangé en variations. Mais il reste à poser la question : A quand le Liszt de Goerner ? Il nous le doit à Toulouse ….
Compte rendu concert. 40 iéme Festival Piano aux Jacobins. Toulouse. Cloître des Jacobins, le 12 septembre 2019. Frédéric Chopin (1810-1849) : Nocturne en do mineur Op.48 n°1 ; Nocturne en fa dièse mineur OP.48 n°2 Barcarolle en fa dièse majeur Op.60 ; Andante spianato et Grande Polonaise brillante en mi bémol majeur Op.22 ; Ignaz Jan Paderewski (1860-1941) : 20 variations et fugue en mi bémol mineur Op. 23 ; Gabriel Faure (1845-1924) : Thème en variations en do dièse mineur Op.73 ; Nelson Goerner, piano.