Philippe Besson publie Dîner à Montréal chez Julliard, une sorte d’acte II entre lui et Paul, son ancien amant.
Dans son précédent roman, Philippe Besson nous parlait d’Un certain Paul Darrigrand. Un amour de jeunesse rencontré sur les bancs de la fac. Un amour passionnel, interdit, secret. Car Paul ne veut pas vivre cette histoire en plein jour. Il est fiancé avec Isabelle. Puis Paul rompt, ou plutôt s’éloigne, sans donner de raisons et laissant le narrateur seul face à sa tristesse. Les années passent, le narrateur devient l’écrivain célèbre que l’on connaît et qui voyage beaucoup pour la promotion de ses livres. C’est lors d’un de ces déplacements à Montréal que Paul réapparaît. Il est venu pour dédicacer son livre. Simple prétexte pour réveiller le passé. Le roman s’arrêtait-là, nous n’en saurions pas plus. A moins que…
Se dire la vérité
« Ce que je ne vous ai pas raconté, c’est ce qui s’est passé juste après », précise Philippe Besson dès les premières pages de Dîner à Montréal. La tension est palpable dès le départ. Comment faire revivre le passé ? Revenir sur les non-dits d’alors ? La discussion s’articule autour de questions anodines. Les deux hommes se tournent autour. Puis viennent enfin les interrogations sur la culpabilité. Paul veut savoir si son ancien amant lui en veut. Ce dernier voudrait surtout comprendre les raisons de leur rupture brutale. Les deux jeunes garçons devenus des hommes mûrs vont enfin s’affronter pour combler les vides d’une histoire inachevée.
Tout au long d’un repas aura lieu un échange qui parfois vire à l’affrontement verbal. Sans compter qu’ils ne sont pas seuls. Paul est accompagné d’Isabelle, toujours en couple avec elle. Le narrateur se rend quant à lui au rendez-vous en compagnie de son amant. Un jeune homme plein d’esprit et de beauté. La joute verbale se fait à demi-mot, dans la pudeur, parfois la violence, oubliant trop souvent qu’ils ne sont pas seuls. Trop de questions en suspens, trop d’émotions à fleur de peau qu’il est enfin temps de faire exploser.
Le texte est chargé d’émotions multiples qui disent l’émoi d’un amour qui ne meurt jamais totalement. Les dialogues sont ficelés au millimètre, chaque mot compte, chaque respiration vaut parole. On sent l’importance de ces retrouvailles qui sont essentielles pour guérir, réparer des blessures anciennes. Avec ce roman, Philippe Besson explore à nouveau un pan très personnel de son passé et nous livre un roman sensible et honnête qui clôt une trilogie.
Philippe Besson, Dîner à Montréal, Julliard, 198 p.
Photo : Philippe Besson © Maxime Reychman