En voilà une démonstration de militantisme total comme on les aime, sans blabla, tout cash et en actes : 100% des plateaux d’un grand festival résonneront des Voix des Femmes. C’est-à-dire 30 concerts sur la Prairie des Filtres, auxquels s’ajoutent ceux programmés en ville, dans les médiathèques de quartier notamment. En voilà du volume, en voilà des affiches.
Ce manifeste étant planté, goûtons ce festival pour la qualité de la musique et de ses artistes, et pour ce traditionnel coup d’envoi qu’il donne à l’été Toulousain.
Voici, entre grands noms et coups de projecteur, une suggestion de parcours pour traverser le Rio Loco 2019, d’une scène à l’autre, comme on franchit un gué en sautant sur les pierres, quitte à se mouiller un peu !
Soyons clairs : on ne va pas se priver d’un petit focus sur quelques artistes toulousains programmés cette année, et qui réenchantent chacun dans leur registre l’inépuisable répertoire des musiques du monde.
On commence avec ALBERI SONORI, dans le cadre de la Pause Musicale (jeudi 13 – 12h30 – Salle du Sénéchal). Le noyau de cette formation est composé de jeunes italiens établis à Toulouse depuis un peu plus d’une année : chant, tambours, guitares traditionnelles, ils célèbrent la Tarentelle avec souvent le renfort d’instrumentistes de notre région. Vous les avez peut-être croisé-e-s ici ou là dans la ville ou alentours ces derniers mois ; Rio Loco, Mamma ! c’est aux yeux du grand monde cette fois !!
Restons Italo-Toulousains, avec notre gros coup de cœur de cette édition : notre bien-aimé groupe de jazz trublion PULCINELLA et la vibrante MARIA MAZZOTTA, chanteuse emblématique des Pouilles et de la méditerranée (dimanche 16 – 18h – Prairie des Filtres). Nos jazzmen en quartet déluré relookent leur « Grand déballage » en « Bal’dente » pour orner et booster les chansons de Maria. Maria, faut la voir, l’entendre, c’est un bouillonnement, une ardeur communicative comme pas deux. Danses embrasées, hypnotiques, ce sera alla folia devant la scène Village.
MARIA MAZZOTTA encore, on l’apprécie avec la même ferveur en mode duo, plus intime : ce sera en accordéon-voix, avec Bruno Galeone, toujours pour Rio Loco (samedi 15 – 15h – Mediathèque Empalot). Peu de places, mais ne manquez pas cette occasion unique d’approcher la dame, souvent à courir le monde avec ses projets.
Et puis Toulouse voit repasser avec bonheur sa nouvelle star, celle qui a enjambé l’océan pour rapprocher son Haïti natal de la ville rose où elle est établie depuis un bail. J’ai nommé MOONLIGHT BENJAMIN, qui a allumé un nouveau moteur en mâtinant son vaudou de toujours avec les guitares et le power-rock de jeunes gens d’ici. La mèche allumée il n’y a pas deux ans (rappelez-vous le Capitole, puis la salle Nougaro), un album dense, bien ramassé, et l’habile déploiement de tournées de plus en plus mondiales (elle rentre des USA, sera à Berlin pour la fête de la musique). Faites du bruit pour Moonlight Benjamin. (vendredi 14 – 18h30 – Prairie des Filtres)
Besoin d’un pas de côté, envie de brise légère, et donc retour à la Pause musicale avec le duo latino-américain AGUAMADERA. Ils ont ouvert Rio Loco samedi dernier en confidence à la médiathèque St Cyprien. Pour eux aussi, la Salle du Sénéchal c’est la cour des grands, mais avec l’intimité qui leur va bien. Leurs arrangements sont superbes. Et eux sont attachants en diable (samedi 15 – 12h30 – Salle du Sénéchal)
On reste dans le ton – intimiste – avec DOM LA NENA, mais cette fois avec une scène Village qui sied à ce petit bout de femme qui tourne avec son violoncelle depuis quelques années maintenant et un joli succès européen. On la connaît aussi en duo dans le projet Birds on a wire, en compagnie de la chanteuse de Moriarty Rosemary Standley. Pour son projet solo, Dom La Nena, née Brésilienne, établie en France, a vu un premier album réalisé par le songwriter Piers Faccini. Depuis, saisir la chance d’un de ses récitals est comme une faveur. (samedi 15 – 18h30 – Prairie des Filtres)
Maintenant parlons RAP ou SLAM ou ce que vous voudrez… En vrai parlons artiste totale, musique, drame, transes enracinées, tendresse, incantations hypnotiques … Car voici KATE TEMPEST, l’inclassable, la troublante Kate Tempest, authentique Petit Prince de toutes les planètes où elle pose son flow, ses rimes, sa voix sur un fil, son Shakespeare revenant.
Sortie de ses faubourgs anglais à la force des livres, de tout ce qu’on ose en jeunesse, plus sincère que ça tu meurs, elle trace une route rocailleuse, le récit à fleur de peau, habitée, portant à bout de bras cette poésie qui doit sauver le monde. Irrésistible. Immanquable. (vendredi 14 – 19h30 – Prairie des Filtres – Grande scène)
Et puis les grands noms, vous les connaissez, ils donneront la fête : Lisa SIMONE, fille de mais pas que, Angélique KIDJO c’est pas rien, Flavia COELHO l’exubérante, … alors que la très attendue Fatou DIAWARA annule pour cause de décès dans la famille, comme vous le savez sans doute à présent.
Enfin la rumeur, les bonnes feuilles ou la curiosité nous pousseront à tendre l’oreille et nous régaler sans doute des concerts de OUM la marocaine, de GAYE SU AKYOL (Turquie), du jazz-rap de la flûtiste franco-syrienne Naïssam Jalal associée au rappeur beatboxer et producteur palestinien Osloob dans le projet Al Akhareen , ou encore de la nouvelle scène africaine avec la reine du hip-hop kenyan MUTHONI DRUMMER QUEEN, IBIBIO SOUND MACHINE (Nigeria), et tant d’autres.
Chacun sa traversée du Rio Loco, grand cru 2019. Bon festoche à tous!!
rio-loco.org / les infos pratiques