Les sept jeunes comédiens de l’AtelierCité, la metteure en scène Chloé Dabert et ce texte puissant de Laura Wade, encore jamais porté à la scène en France. Sur le plateau du ThéâtredelaCité du 4 au 14 juin, des containers immaculés, des personnages aux émotions enragées et à chaque acte joué, une pièce du puzzle qui dessine et redessine encore l’absurdité de la mort et peut-être celle de la condition humaine.
Une comédie cruelle avec cet humour anglais grinçant et des similitudes avec une partie de Cluedo qui assassine petit à petit les personnages de Laura Wade. La Mort est partout, omniprésente, omnipotente, inéluctable. Mais la Vie est là elle aussi, figurez-vous !
Théâtralement parlant, la mise en abyme est savoureuse : le personnage qui découvre un cadavre devient à la scène consécutive un cadavre lui-même. Emma trouve le corps de Jim, le patron d’une entreprise de garde-meubles, qui lui-même avait découvert le corps d’une femme dans une caisse qui appartenait à Ben dont l’amoureuse, Kate, battait son chien et son homme . Il y a aussi Elaine, la femme de Jim, et Tom, son employé, des personnages fantoches, en sursis, déjà glacés par leur quotidien banal … déjà morts ?
Une comédie noire avec une lenteur souvent pesante et des personnages aux émotions dérangeantes, parce que démesurées, parce que désespérées. Derrière chaque mot, chaque pensée, chaque geste se cache une explosion potentielle, ainsi la pièce nous garde en haleine jusqu’à son terme.
Amis du théâtre classique, passez votre chemin, la pièce détonne, la pièce bourdonne, elle dérange et peut même ennuyer si l’on n’adhère pas au sel britannique et à la violence émotionnelle. On peut se lever. On peut étouffer. On peut avoir envie de partir. Mais on peut aussi entrer dans la danse funèbre et respirer à l’unisson avec les cadavres …
Des cadavres qui respirent de Laura Wade. Mise en scène Chloé Dabert. Avec Sélène Assaf, Thomas Bellein, Maud Gripon, Adrien Guitton, Thibaut Prigent, Simon Ribet, Mélissa Zehner.