Ecouter aussi ma chronique dans l’émission radio «Supplément Week-end» du samedi 14 avril 2012.
Avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Anthony Hopkins, Tom Hiddleston, Stellan Skarsgard, Colm Feore, Ray Stevenson, Rene Russo. Disponible en Blu-ray et DVD chez Paramount.
Viré du royaume d’Asgard après avoir foutu la merde entre deux mondes parce que c’est un jeune con, Thor est déchu par son père Odin, banni et envoyé sur Midgard (la Terre pour les Vikings) pour apprendre la vie et faire ses preuves. Il atterrit sur le camion de la chercheuse en tempêtes Jane Foster, qui n’est pas insensible à ses bras musclés.
Pendant ce temps, Loki, le frère de Thor, remplace son père qui est mystérieusement tombé malade…
Ceci est une petite séance de rattrapage pour réviser ses vengeurs avant le film «Avengers» de Joss Whedon.
Première surprise : nous retrouvons aux commandes de ce blockbuster ultra-codifié le réalisateur shakespearien Kenneth Branagh. La surprise est grande, mais le choix est somme toute logique : Thor correspond à la veine « DC Comics » de Marvel, à savoir le côté Space Opera. En effet, la majorité des héros Marvel sont très ancrés dans le vrai monde, beaucoup sont par exemple New Yorkais, quant aux autres, ce sont des hommes comme les autres à qui il arrive des évènements tragiques (morsures radioactives, accidents scientifiques, etc). Le héros nordique est quant à lui, un Dieu, donc est doté dès la naissance de pouvoirs incommensurables. Afin de mettre en scène son histoire, Branagh était tout indiqué, lui qui a l’habitude de narrer des luttes d’héritages, intrigues de palais, et lignées royales. Le projet d’adaptation de « Thor » reposait sur l’équilibre entre la partie terrestre et la partie Asgard, celle-ci devant bien s’intégrer au reste, et surtout aux autres mythologies rattachées au projet « Avengers ».
Deuxième surprise : contre toute attente, la partie Asgard fonctionne beaucoup mieux que la partie terrestre. L’ambiance visuelle, qui pouvait faire peur dans la bande annonce, fonctionne parfaitement est ne respire finalement pas (trop) le kitsch. Les armures étincelantes, les ponts arc-en-ciels, et les grandes portes dorées, si elles font plus penser aux chevaliers d’or de « Saint Seiya » qu’au Grand Nord Viking, ont le mérite de s’inscrire dans un univers fantastique exubérant mais cohérent. Mais cela est obtenu grâce au soin apporté à la relation entre Odin et ses deux fils Thor et Loki. Autant Thor est fonceur, bourrin et parfois stupide, autant Loki est le vilain petit canard, l’intrigant, l’enfoiré tapi dans l’ombre. Ce trio fonctionne sur un équilibre complémentaire entre sagesse, souffrance, et force : trois faces d’un même personnage offrant une profondeur inattendue à ce long-métrage adapté d’un comic book.
De son côté, le côté terrestre offre malheureusement un versant beaucoup plus attendu et classique. A part la partie se déroulant parmi les membres du SHIELD, ayant le mérite d’introduire le personnage d’Oeil de Faucon (Jeremy Renner) et donnant un côté « Excalibur » à la quête de Thor pour récupérer son marteau Mjolnir, ce passage du dieu parmi nous ne restera pas dans les annales, et le duo qu’il forme avec la scientifique, bien que sympathique, est complètement dénué d’intérêt. Seul le danois Stellan Skarsgard, caution scandinave du film et impeccable comme d’habitude, apporte un semblant de consistance à cet épisode midgardien trop expédié pour offrir au film un véritable équilibre. Asgard vainqueur donc haut la main !
Sous l’égide paternaliste d’un Anthony Hopkins plutôt bon, proche de son interprétation d’après une autre mythologie viking « La Légende de Beowulf », les nouveaux venus Tom Hiddleston et Chris Hemsworth s’en tirent honorablement. Alors que le premier compose un Loki en retrait, calculateur froid et surtout pas en dictateur en roue libre, la carrure du second fait merveille, tandis que son magnétisme et son énergie en font l’interprète parfait pour ce dieu banni, en colère mais acceptant sa peine avec dignité.
Il reste maintenant aux producteurs à offrir des méchants et une histoire à la mesure de ce personnage : malheureusement, le moment où il montrer l’étendue de ses pouvoirs coïncide avec sa bêtise, cet épisode étant mis en scène comme une virée de beuverie au volant d’une décapotable avec ses potes. On attend définitivement plus qu’une bande annonce de luxe.
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com
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