Un film de David Yates, avec Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson.
Les temps s’assombrissent pour les adversaires de Voldemort : le ministère de la magie chasse les moldus, et les sorciers protégeant Harry sont trahis et pourchassés. Le seul recours : retrouver les horcruxes, ces objets dans lesquels Voldemort a scellé une partie de son âme. Harry, Ron, et Hermione partent à leur recherche, traqués et surtout… tous seuls face aux sbires maléfiques.
Dès les premières minutes, on comprend vite que nous ne sommes plus dans l’univers enchanté des premiers épisodes : le monde du sorcier binoclard s’est nettement obscurci, et les forces du mal font beaucoup plus qu’attendre sagement autour d’une table : ça torture, ça fait très mal, et ça plombe l’ambiance. La féérie laisse place aux rafles et chasses à l’homme, et à y réfléchir, nous n’échangerions finalement pas notre place avec le jeune Potter. Rectification : avec ses amis non plus, qui dégustent jusqu’à un point insoupçonné.
Le monde de la magie, et son ministère aux pratique devenues fascisantes et traquant les moldus de manière obsessionnelle, trouvent quelques résonances dans l’histoire récente de l’humanité. Au cours d’une séquence mêlant habilement humour et tension, ce septième épisode cite d’ailleurs très directement un célèbre passage du culte « Brazil » de Terry Gilliam, autre métrage traitant de l’oppression totalitaire.
Les non sorciers sont traqués, les amis de Potter sont éliminés, plus aucune rue ou établissement n’est sûr : les trois jeunes sorciers n’ont d’autres choix que de parcourir les forêts dans une course effrénée contre Voldemort, mais aussi contre le pouvoir corrupteur d’un collier horcrux qui, à la manière d’un anneau célèbre, les pourrit de l’intérieur. C’est dans ce traitement de la traque que la mise en scène de David Yates se révèle très efficace et surprenante : râtant totalement le coche lors des deux précédents épisodes (un Potter sous bromure au lieu de nourrir une rebellion intérieure dans « L’ordre du Phénix », et des rebondissements qu’on attend toujours pour un « Prince de sang mêlé » où il ne se passe rien), le réalisateur sait indéniablement créer des ambiances, comme dans la scène de la ville natale d’Harry et son atmosphère pesante et brumeuse.
Un rythme nerveux et prenant (le combat aérien d’ouverture est une grosse claque), une course effrénée sortant enfin du schéma école/rentrée des classes, une oppression générale sous tension préfigurant un dernier long-métrage dantesque, tout est enfin réuni pour sortir les petits sorciers des derniers ronronnements.
Site internet : http://thomasberthelon.com