Compte rendu concert. Toulouse. Auditorium Saint-Pierre des Cuisines, le 20 Février 2019. Chostakovitch, Dvorak, Schubert. Quatuor Hagen.
Photo : Harald Hoffmann
A demeurer l’un des meilleurs du monde depuis plus de 30 ans, le Quatuor Hagen mérite toute notre admiration. La venue à Toulouse du célèbre quatuor salzbourgeois à l’invitation des Arts renaissants, a fait salle comble. L’admirable acoustique de l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines a permis au public concentré de déguster les plus belles sonorités possibles. L’équilibre entre les quatre instrumentistes est inhabituel, toujours mouvant mais sans établir de hiérarchie. La personnalité généreuse de Veronika Hagen à l’alto en particulier et sa riche sonorité, la mettant souvent en exergue. La rondeur du son obtenue par ce quatuor, le confort, la solidité et la plénitude du jeux sont inouïes. Les nuances sont incroyablement variées et toujours abordées avec une grande justesse de phrasé. La construction des oeuvres devient limpide et le discours très organisé emporte loin …dans le pays de la beauté. L’écoute de ces quatre musiciens procure un sentiment de bien être et de facilité. C’est là, s’il faut avouer certaines attentes idéalisées, que cette constante beauté peut déranger. Ainsi dans le quatuor de Chostakovitch plus de mordant, de sonorités froides et de moments de dérision féroce, auraient pu être osés par des musiciens si doués.
Le son incroyable du Quatuor Hagen
L’hommage de Chostakovitch aux mélodies hébraïques interdites, est audacieux car elles ne sont pas que belles. Elles sont aussi un manifeste et même une provocation en ces années 50 débutantes. Ne l’oublions pas, le rejet des différences et la fabrique des ostracismes par des insultes et des menaces de mort, est toujours à l’oeuvre jusque dans l’actualité brûlante dans notre pays. C’est un peu le problème avec la musique de Chostakovitch, le texte est magnifique et la composition est toujours incroyablement virtuose mais le sens du discours peut être subversif, provoquant ou moqueur, voir révolté. Les Hagen ont été un peu trop « bons » ce soir.
Dans Dvorak, la mélancolie et les couleurs fauves ont été magnifiques et toujours dans cette perfection sonore inégalable. Dans le plus célèbre quatuor romantique : La jeune fille et la mort de Schubert, la plénitude sonore a été magnifique, les grandes phrase se sont déployées avec aisance et l’implacabilité de la mort bien présente. Que de beauté dans ces contrastes, ces menaces, ces prières et ces fuites. La puissance de quatre instruments à cordes a rarement été aussi perceptible que dans des crescendo incroyables. Peut être que davantage de fragilité gagnerait en émotion, mais comment ne pas admirer cette perfection instrumentale mise au service des oeuvres. Les Hagen sont toujours l’un des meilleurs quatuors du monde avec un son inégalé et le public toulousain comblé leur a fait un triomphe. Ils ont bissé l’Andante du quatuor de Chostakovitch dans une nuance piano exquise.
Compte rendu concert. Toulouse. Auditorium Saint-Pierre des Cuisines, le 20 Février 2019. Dimitri Chostakovitch ( 1906-1975) : Quatuor à cordes n°4 en ré majeur op.83 ; Antonin Dvorak (1841-1904) : Quatre extraits des Cyprès B.152 ; Frantz Schubert ( 1797- 1828) : Quatuor à cordes n°14 en ré mineur D.810 , la jeune fille et la mort ; Quatuor Hagen : Lukas Hagen et Rainer Schmidt , violon ; Veronika Hagen, alto ; Clemens Hagen , violoncelle.