Denis Lavant assaille la rue du Taur. Entre la place du Capitole et la Basilique Saint-Sernin, le comédien est fêté. Certains films (Mauvais sang, Boy meets girl, Les Amants du Pont-Neuf…) sont projetés à la Cinémathèque. Le spectacle La chasse au snark – texte de Lewis Carroll – est joué à la Cave Poésie.
Mercredi 12 décembre, milieu d’après-midi, Cinémathèque. Le film Boy meets girl, réalisé il y a une trentaine d’années par Leos Carax, est projeté. Plus d’une cinquantaine de spectateurs attendent d’entrer dans la grande salle.
Au rythme d’Holiday in Cambodia (Dead Kennedys), le spectateur est séduit par la comédienne Mireille Perrier. Alex, le jeune Denis Lavant, l’est tout autant. Adolescent vagabond, mi-voyeur, mi-voleur, une carte de ses premières fois à Paris épinglée au mur de son appartement exiguë. Tous deux habitent la capitale, s’y rencontrent, s’y parlent. Les images projetées, en noir et blanc, sont charmantes, engageantes, voire bouleversantes. Les deux yeux scrutant le grand écran, les personnes deviennent des aventurières, suivant avec excitation les acteurs, jouant avec l’amour et les mots. Un film qui, comme ceux de valeur, réussit à faire passer l’électricité des circuits du projecteur à l’intérieur du spectateur.
Le lendemain soir, jeudi, Cave Poésie. Denis Lavant, Laurent Paris et Camille Secheppet jouent La Chasse au snark (écrit par Lewis Carroll). Un bordel, un foutoir, un joyeux désordre. Sur scène, un fatras d’instruments, pour souffler, pour taper, et de couvre-chefs, pour permettre à Denis Lavant de jongler avec les personnages. Une gueule de vieux marin épuisé, entouré de deux musiciens qui expérimentent. Qu’est-ce que c’est ? Une chasse à une bête pas bien connue – un snark. Un navire avec des joyeux drilles. Une espèce de Moby Dick (Herman Melville) sous acide. Tous les trois passent du punk au free jazz. C’est urgent, c’est fascinant, c’est bancal, c’est inégal, c’est engageant, c’est hallucinant, c’est incompréhensible. Le visage tranché par un sourire carnassier, Denis Lavant ressemble parfois à Moondog, ou au Marat qu’il joue dans le film Un peuple et son roi (Pierre Shoeller). Cette grande liberté, cette excentricité sont réjouissantes et éprouvantes.
Cinémathèque de Toulouse
Cycle Denis Lavant
du 8 au 21 décembre 2018