Cet ouvrage sur une musique de Giuseppe Verdi sera donné en DIRECT au CGR BLAGNAC le jeudi 13 décembre 2018 à 19h 30 depuis l’Opéra Bastille à Paris. Le mélodrame consiste en un Prologue et trois actes, un livret écrit par Francesco Maria Piave et Arrigo Boïto. Le doge Simon Boccanegra est interprété par le talentueux baryton Ludovic Tézier.
C’est le récit de la solitude du pouvoir, de la piété filiale, de la trahison et du pardon. Simon Boccanegra est avant tout le récit d’une fresque historique où se trament dans la Gênes du XIVè siècle les complots contre le pouvoir en place. C’est aussi une confrontation d’individus partagés entre des mobiles privés et les intérêts de leur caste. La création à la Fenice de Venise eut lieu le 12 mars 1857, sans grand succès. Il y aura une première de la version révisée à La Scala de Milan en 1881. En 1857, la musique a surpris et l’échec peut s’expliquer par des raisons politiques, le public ne cachant pas son attachement à l’Autriche. Et la version de 1881, si elle fut plus chaleureusement accueillie, n’augura pas d’une carrière sur le long terme. Il faudra attendre l’achèvement de l’unité italienne pour que l’ouvrage s’installe définitivement au répertoire des grandes maisons. Nous sommes bien en présence d’une des œuvres les plus importantes de Verdi, et cependant, elle reste étrangement peu connue encore.
Il y a un long Prologue et ensuite, l’opéra qui commence véritablement tout en faisant un bond de 25 ans plus tard. Comme souvent chez Verdi, les intrigues politiques et familiales sont mêlées. Les Grimaldi sont en exil et on prépare la chute du doge en place. La direction musicale de la nouvelle production est assurée par Fabio Luisi, à la tête de l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra national de Paris. Le Doge Simon Boccanegra est donc le baryton français au firmament Ludovic Tézier, et sa fille Amelia Grimaldi, Maria Boccanegra, la soprano Maria Agresta. C’est la seule femme de cet opéra. De fait, ses interventions feront saillie dans une partition entièrement dominée par les hommes. Il se trouve qu’elle est amoureuse de celui qui est sensé assassiner son père, Gabriele Adorno, le ténor Francesco Demuro, voix juvénile qui cherche à trouver sa place parmi barytons et basses.
Les meneurs du parti populaire sont Paolo Albani, le conjuré qui empoisonne Boccanegra et Pietro, chantés respectivement par Nicola Alaimo, magnifique Giorgio Germont sur notre scène “capitoline“, et Mikhail Timoshenko. Le patricien Jacopo Fiesco, c’est la basse Mika Kares. Il est le père de Maria, Maria qui a été refusé au doge en mariage et qui en est morte de chagrin, après avoir donné naissance à une fille Amelia. Fille, d’ailleurs, qui lui sera enlevée. Le livret est assez complexe !!
La mise en scène est de Calixto Bieito, celui-là même qui nous avait livré un certain Turandot au Théâtre du Capitole, Turandot à polémiques, c’est le moins qu’on puisse dire. En tous les cas, une mise en scène qui ne laissera pas indifférente, à coup sûr, si l’on se réfère à la réputation sulfureuse de l’intéressé. Mais, le plus important encore, c’est bien la musique et le chant, et il y a la musique de Verdi avec ses beautés.
Entre les deux versions, Verdi a bien réécrit le tiers de sa partition. La comparaison des deux permet de mesurer l’évolution dramatique du compositeur et ses progrès assez incroyables dans la science de l’orchestration, ici une des plus riches. Entre autres, remarquera-t-on, la peinture très fine du jour et de la nuit, véritables personnages qui enveloppent tout l’ouvrage de leur présence, comme des forces naturelles qui révèlent les moindres intentions des protagonistes de chair. Les subtilités de l’orchestration vont dans ce sens et, si les voix graves dominent dans l’opéra, les instruments de même tessiture aussi : clarinette basse, trombones, le fameux cimbasso qui sera remplacé par le trombone basse, contrebasse.
Le souci du coloris prendra tout son relief dans la figuration non moins subtile de la mer, tout en ondoiements. L’élément liquide est en effet la pierre d’achoppement entre les intrigues politiques et les factions – Gênes est une puissance essentiellement maritime – et le trait d’union entre Simon et sa fille. La mer est peut-être la seule force qui puisse enflammer et apaiser douleurs et passions dans cette histoire où le juste doit mourir. Elle berce les inquiétudes de Maria au début du premier acte. Elle rafraîchira Boccanegra (III, 3), brûlé par le poison administré, dans une intervention célèbre : « Comme en la contemplant, des souvenirs de gloire et d’extase sublimes remontent jusqu’à moi. » Parce que la mer, aussi, baigne les rivages de la patrie.
Cinéma CGR Blagnac
En direct depuis l’Opéra de Paris / Opéra Bastille
Jeudi 13 décembre 2018 à 19h30