Le premier roman d’Adeline Dieudonné, La vraie vie, publié chez L’Iconoclaste, est un réel succès littéraire. Un roman poignant et grinçant.
Il est l’un des romans les plus plébiscités de cette rentrée littéraire. Déjà couronné par le Prix Fnac 2018 et en lice pour de nombreux prix littéraires, Adeline Dieudonné a d’ores et déjà conquis un large public. Et pour cause, une fois le livre entamé, il est difficile de le refermer.
Au départ, une famille presque comme toutes les autres. Mais rapidement on sent bien que quelque chose cloche. Dans cette maison qui fonctionne comme un huis clos, on retrouve le père brutal et prédateur, la mère, éternelle absente, une femme terrorisée qui trouve réconfort auprès de ses chèvres. Puis, il y a le petit frère, Gilles, complice de la grande sœur. Le duo inséparable qui déserte la maison dès que possible pour créer leur propre univers dans les bois. Enfin, il y a la pièce muette, celles des cadavres ou plutôt des trophées de chasse du paternel. La pièce interdite où veille une hyène empaillée qui effraie l’héroïne.
Le quotidien est dur, sec, sans amour, mais chacun sait quel rôle il a à tenir jusqu’au jour où un accident survient devant les enfants. Une explosion dans tous les sens du terme qui va bousculer une existence qui était déjà pénible. Gilles se mure dans le silence. L’héroïne ne supporte pas le chagrin de son frère et décide de fabriquer une voiture pour remonter le temps, effacer l’horreur. Mais la réalité est là, ineffaçable. Face à ce premier grand échec de la vie, la jeune fille apprend à grandir et à se protéger du danger.
Un roman d’apprentissage
Au-delà des épisodes qui s’enchainent et nous entrainent dans une histoire qui ne manque pas de souffle, Adeline Dieudonné dresse le portrait d’une fillette attachante et intelligente. Ne reculant devant aucune difficulté, elle ne renonce jamais à son combat, celui d’être libre et heureuse. Adolescente brillante, elle excelle dans les sciences et a pour modèle Marie Curie. Petit à petit, la jeune demoiselle dresse devant elle un rempart pour se protéger des humiliations et violences familiales. Elle est rusée et déterminée, car, malgré la sauvagerie qui l’entoure, elle reste envers et contre tout optimiste.
La vraie vie est un roman brillant. Le ton n’est jamais doloriste ou miséreux. Le récit se construit avec suspens, parfois même avec cynisme pour raconter sans jamais juger. Certains passages sont également drôles et donnent une force de caractère aux personnages. Quoiqu’il en soit, Adeline Dieudonné n’impose jamais sa vision des choses, elle relate une vie, une vraie vie qui nous embarque jusqu’au point final.
Sylvie V.
Adeline Dieudonné, La vraie vie, Editions Iconoclaste, 270 p.
Photo : Adeline Dieudonné © Stéphane Remae