Il y avait eu deux premiers concerts déjà dédiés à Mozart en avril 2017 à la cathédrale Saint-Étienne. L’association La Dame d’Aragon récidive en proposant un nouveau rendez-vous avec le divin Wolfgang lundi 15 octobre à la Halle aux Grains. Une soirée où seront réunis l’Orchestre du Royaume d’Aragon et le jeune pianiste toulousain Constant Després. À l’origine de ces concerts annuels, véritables ponts entre les générations, entre l’Espagne et la France, et entre l’Aragon et l’Occitanie, Rubén Vélasquez, fondateur et président de La Dame d’Aragon. Rencontre avec un mozartien inconditionnel.
Rubén Vélasquez, pouvez-vous nous présenter l’association La Dame d’Aragon, organisatrice du concert du 15 octobre. Quels sont son objet et ses objectifs ?
La Dame d’Aragon a pour objet l’échange transpyrénéen, notamment entre l’Occitanie et l’Aragon comme son nom l’indique. Il s’agit d’abord d’échange culturel pour « passer » cette frontière assez fermée entre Aragon et Occitanie, si l’on compare les temps de trajet Toulouse-Saragosse et Toulouse-Barcelone. Saragosse est à peu près à la même distance de Toulouse que la capitale catalane mais il est bien plus long et compliqué de s’y rendre. Les Pyrénées centrales ne sont malheureusement toujours pas ouvertes d’un point de vue autoroutier.
Le passage de cette frontière naturelle par la culture, sachant les liens forts qui unissent l’Aragon à Toulouse depuis des siècles maintenant, est une façon de célébrer les échanges entre nos deux régions. Toulouse a signé des accords de coopération très importants avec Saragosse, notamment dans le domaine culturel. La Dame d’Aragon s’inscrit dans cette relation étroite en travaillant avec l’Auditorium de Saragosse, une salle de taille équivalente à notre Halle aux Grains, où réside l’Orchestre du Royaume d’Aragon. Nous collaborons essentiellement avec cet établissement et cet ensemble symphonique pour monter nos projets transpyrénéens.
À titre personnel, quel rôle jouez-vous à La Dame d’Aragon ?
J’ai plusieurs « casquettes » comme on dit. J’ai accepté d’être le président de l’association, les autres personnes approchées pour ce poste ayant finalement décliné la proposition. J’exerce aussi ce qu’on peut appeler le rôle de directeur artistique pour tout ce qui concerne les échanges avec l’Auditorium de Saragosse. Il y a maintenant une quinzaine d’années que je travaille en compagnie d’un ami proche, fondateur de l’Orchestre du Royaume d’Aragon. Avec lui nous avons monté de nombreux projets en Espagne, surtout dans la région aragonaise.
Le but est bien de proposer des concerts de part et d’autre des Pyrénées ?
Bien sûr, d’ailleurs après les concerts d’avril 2017 à Toulouse, il y a eu d’autres échanges. Par exemple grâce à la soprane toulousaine Marie Cubaynes qui est allé chanter en Aragon en août dernier. Les échanges dans ce sens-là commencent à peine mais il va de soi que les artistes toulousains et d’Occitanie devront aussi donner régulièrement des concerts en Aragon.
À Toulouse, c’est donc la deuxième fois que vous organisez un concert ?
Comme je viens de le rappeler, il y a eu déjà deux concerts ayant rassemblé 1 500 spectateurs à la cathédrale Saint-Étienne les 20 et 21 avril 2017. Nous y avions proposé le Requiem de Mozart dont l’interprétation par l’Orchestre du Royaume d’Aragon avec des chœurs aragonais et de notre région avait rencontré un vif succès. Forts de cette réussite initiale, nous avons décidé de programmer en 2018 un nouveau concert d’encore plus grande envergure à la Halle aux Grains, toujours avec l’Orchestre du Royaume d’Aragon qui va faire ses débuts dans la salle fondée par Michel Plasson. L’ensemble symphonique aragonais n’y a jamais joué et se produire dans ce lieu prestigieux est un très grand honneur et une belle opportunité.
https://www.facebook.com/OrquestaReinoDeAragon/videos/268870900619867/
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Voilà qui nous amène au programme du concert du 15 octobre, Mozart, Pèlerin de l’Infini. On y trouve encore le Requiem et les deux premiers mouvements du Concerto pour piano n°23. Pourquoi avoir choisi de nouveau Mozart et donné un tel titre à ce programme ?
« Pèlerin de l’Infini »… J’ai voulu ce titre parce que Mozart, qui a tellement voyagé en Europe et écrit de superbes lettres au cours de ses périples, est un pèlerin de la musique. Je souhaitais aussi faire une relation avec les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Mozart n’est pas allé sur le tombeau de l’Apôtre mais je le vois comme une sorte de Pèlerin de l’Infini. Aujourd’hui, plus de deux siècles après sa mort, il reste en tête des ventes de disques classiques et demeure un personnage qui fascine plus que jamais, indépendamment de sa musique.
Parmi les grands compositeurs, il y a Mozart et les autres. C’est tout à fait personnel mais pour moi il est unique. Le Requiem est une oeuvre sublime qui termine la vie du compositeur, il fallait donc la reprogrammer. Le concert commence avec le Wolfgang de la maturité, celui du magnifique Concerto pour piano n°23 composé à l’âge de trente ans. C’est un clin d’oeil d’avoir proposé à Constant Després, ce tout jeune pianiste de onze ans, musicien très précoce comme le fut Mozart , d’interpréter les deux premiers mouvements de ce concerto. Après cette pièce admirable, l’être extraordinaire Mozart va produire encore de nombreux chefs d’oeuvre pour aller vers l’infini de son Requiem à la fin de sa vie terrestre.
Puisque vous venez d’en parler, pouvez-vous nous présenter les musiciens qui se produisent le 15 octobre à la Halle aux Grains, à commencer par Constant Després ?
Bien qu’il soit très jeune, je suis lié à Constant par une longue histoire qui remonte à avant sa naissance. J’ai beaucoup travaillé avec Stéphane, son père, dans le domaine de la chanson de variétés. Pour l’anecdote, il a été l’un des auteurs-compositeurs, avec son frère Christophe, du tube Les Démons de minuit dans les années 1980. Constant, je l’ai vu naître et grandir. Ses qualités sont vraiment exceptionnelles. Je l’ai écouté cette année dans plusieurs festivals et il a été époustouflant en toutes circonstances.
Le concert du 15 octobre va être sa grande première avec un orchestre de renom, l’Orchestre du Royaume d’Aragon, une formation de niveau international. Même si sa réputation n’atteint pas celle de notre Orchestre National du Capitole, cet ensemble est sollicité dans de nombreux pays d’Europe. C’est donc une merveilleuse occasion pour Constant de jouer avec un tel orchestre. Ricardo Casero, son directeur musical, est originaire de Valence et il a été l’assistant de Sergiu Celibidache pour ne citer que lui parmi les chefs célèbres avec lesquels il a collaboré. Il est souvent invité par de grands orchestres symphoniques européens.
Une chose importante à préciser pour finir : les concerts que vous organisez avec La Dame d’Aragon ont aussi un but caritatif.
Absolument et il est essentiel de le rappeler. Nous faisons un don, en fonction des gains que nous réalisons, à la Gendarmerie Nationale, à l’Armée de Terre et à l’Entraide Parachutiste. Tous les concerts organisés par La Dame d’Aragon ont cette dimension caritative. Nous offrons également plus de trois cents places à des personnes en difficulté par l’intermédiaire de différentes associations. Quelles que soient les raisons de leur empêchement, des personnes dans l’impossibilité d’aller au concert se voient attribuer des billets pour assister à nos productions. Notre chance est de disposer cette fois-ci de la Halle aux Grains, une salle dont la jauge élevée nous permet de dégager ce grand nombre de places à distribuer. Cet autre aspect de l’action de l’association est fondamental à mes yeux.
Entretien réalisé par Éric Duprix
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La Dame d’Aragon
Mozart, Pèlerin de l’Infini
Lundi 15 octobre 2018 à 20h00 • Halle aux Grains
Orchestre du Royaume d’Aragon • Ricardo Casero (direction musicale)
Constant Després (piano)