Le 21 septembre prochain, l’Orchestre national du Capitole donne à la Halle aux Grains son premier concert toulousain de la saison 2018-2019. Tugan Sokhiev, son directeur musical, a choisi d’inviter à ses côtés le jeune pianiste russe en pleine ascension Denis Kozhukhin pour un programme de passion et de grandeur associant Johannes Brahms et Sergueï Prokofiev. Le lendemain, Chostakovitch, avec son incandescente 5ème symphonie, est au programme de la première « Happy Hour » de la saison.
Au cours de cette première soirée symphonique de la saison, deux œuvres de Brahms encadreront un concerto pour piano de Prokofiev. Les Variations sur un thème de Haydn du premier ouvriront le concert qui se conclura par sa Symphonie n° 1 en ut mineur. L’admiration sans limite de Brahms pour Beethoven l’a longtemps retenu d’aborder le monde de la symphonie. Rappelons que le compositeur attendra sa pleine maturité (43 ans) pour composer son premier opus dans ce domaine hérité d’un Beethoven qu’il vénérait et dont il redoutait la comparaison. La légende raconte que Brahms fut incité à composer enfin sa première symphonie par la découverte d’une plume sur la tombe de Beethoven… Il fut rassuré sur ses capacités de symphoniste lorsque son ami Hans von Bülow qualifia cette première incursion de « Dixième Symphonie » de Beethoven !
Entre ces deux œuvres de Brahms, le jeune pianiste invité Denis Kozhukhin sera le soliste du Concerto pour piano et orchestre n°2 en sol mineur, op. 16, de Prokofiev. Composé en 1912-1913 (et réécrit en 1923), deux ans après son premier concerto et un an avant son troisième, bien avant ses symphonies, il s’agit d’une œuvre de jeunesse, Prokofiev achevant ses études au conservatoire de Saint-Pétersbourg. Cette partition a été créée le 5 septembre 1913 à Pavlovsk près de Saint-Pétersbourg. Elle adopte la structure peu courante du concerto en quatre mouvements (comme le Concerto pour piano et orchestre n° 2 de Brahms) avec un bref deuxième mouvement. L’œuvre, débordante de vitalité, est dédiée à Maximilian Schmidthof, un étudiant du même conservatoire, ami du compositeur, qui s’était récemment suicidé. Sa création provoqua un scandale sans précédent.
Le soliste de ce concerto, Denis Viktorovich Kozhukhin est né le 2 juillet 1986 à Gorki, alors en Union soviétique. À vingt ans, au terme de ses études à l’École supérieure de musique Reine-Sophie de Madrid, le virtuose a reçu son diplôme des mains de la reine d’Espagne. Lauréat en 2006 de la troisième édition du concours international de piano de Leeds, il a également remporté le premier prix du Concours musical international Reine Élisabeth de Belgique en 2010. Il a été invité à étudier à l’Académie internationale de piano du lac de Côme où il a suivi des cours auprès de Dmitri Bashkirov, Fou Ts’ong, Stanislav Ioudenitch, Peter Frankl, William Grant Naboré, John Perry, Menahem Pressler, Boris Berman, Charles Rosen et Andreas Staier. Aujourd’hui, cet élève également de Daniel Barenboim joue dans les plus grands ensembles internationaux.
La « Happy Hour » avec Chostakovitch
Le 22 septembre à 18 h, Tugan Sokhiev dirigera donc, dans le cadre de la « Happy Hour », la Symphonie n° 5 en ré mineur de Dmitri Chostakovitch, témoignage bouleversant des souffrances du compositeur, alors que le régime stalinien imposait les Grandes Purges. L’Orchestre national du Capitole et Tugan Sokhiev poursuivent là l’intégrale des symphonies de Chostakovitch qu’ils ont entrepris de jouer et d’enregistrer.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Orchestre National du Capitole
Tugan Sokhiev, direction –
Denis Kozhukhin, piano,
les 21 et 22 septembre 2018 – Halle aux Grains