Ecrivain, réalisateur, chroniqueur chez Laurent Ruquier, nul besoin de présenter Yann Moix dont les invectives sont nombreuses. La dernière en date est adressée au Président de la République dans son livre Dehors, publié chez Grasset.
« Dehors est la capitale de l’exil […] Ce n’est pas un dehors d’air pur et frais, mais un dehors d’expulsion. Ce n’est pas un dehors de promenade, mais de persécution. Le dehors que j’évoque n’est pas un dehors d’évasion, mais un dehors d’aliénation. Ceux que j’évoque aujourd’hui, monsieur le Président, sont enfermés ; ils sont enfermés dehors. » Telles sont les premières phrases adressées au Président Macron. Point de détour donc pour évoquer une des pires catastrophes humaines de notre siècle et le sort des exilés sur le territoire français.
Chapitre après Chapitre, Yann Moix présente la situation telle qu’il l’a suivie, analysée et questionnée. Il est allé à la rencontre des migrants à Calais et de ses habitants. Il leur a donné la parole et les a interrogés sur la situation que chacun vit au quotidien. Car c’est précisément le quotidien qui est devenu ingérable avec les représailles, la misère, la peur, les violences, le jeu du chat et de la souris avec les autorités, etc. Des situations qui perdurent et se jouent jour après jour car on ne fait rien. Et la lassitude gagne.
Dehors est la synthèse de ces nombreuses rencontres. Le discours de Yann Moix est frontal, documenté et argumenté. Il est un réquisitoire fort qui donne la parole aux exilés. Un « j’accuse » qui prend la défense de ceux qui veulent rejoindre l’Angleterre. Or, Yann Moix rappelle que la France se fait le policier de l’Angleterre en empêchant les départs. Dehors c’est enfin un règlement de compte avec le Président à qui il reproche un ton académique, des discours surjoués sur l’Europe quand celle-ci ne protègent pas suffisamment ceux qui l’ont rejointe. On reconnait donc le ton et le style de Yann Moix afin de nous faire la démonstration des incohérences des lois et des discours.
Que l’on apprécie ou pas les prises de position de Yann Moix – dont certaines rendues célèbres au bout de 3 ans sur le plateau d’On n’est pas couché – on peut lui reconnaître d’oser dire haut et fort ce qu’il pense, car après tout n’est-ce pas aussi aux écrivains et aux intellectuels d’interroger et de bousculer notre époque afin de la mettre face à ses contradictions ?
Sylvie V.
Yann Moix, Dehors, Grasset, 368 p.
Photo : Yann Moix © Arnaud Meyer