Passe ton Bach d’abord fête ses dix ans du 1er au 3 juin
Comme d’autres avant eux, les fondateurs de Passe ton Bach d’abord ne savaient sans doute pas si leur festival, sa formule et sa programmation, allaient recueillir durablement l’adhésion du public lorsqu’ils lancèrent la manifestation en 2008.
Sortir la musique de Bach des salons et des salles de concert pour l’amener dans les rues, les cours, les jardins, les librairies et les bars était un pari osé compte tenu de l’image très codifiée de la musique dite « classique » en général, baroque en particulier. Le projet de départ de Michel Brun et son équipe était de rendre Bach familier aux Toulousains le temps d’un week-end, comme il pouvait l’être à Leipzig il y a trois siècles pour ceux qui le croisaient en ville ou venaient le voir jouer et diriger ses œuvres au Café Zimmermann. Une ambition couronnée de succès. En dix ans d’existence, Passe ton Bach d’abord a imposé sa présence et son identité, gagné et fidélisé un public de plus en plus large. On imagine mal aujourd’hui un premier week-end de juin sans les multiples concerts et événements parfois insolites qu’il offre un peu partout dans la cité toulousaine. Un dixième anniversaire est un cap important, une fierté légitime en regard du chemin parcouru ; c’est aussi l’occasion de revenir sur les grands moments qui ont jalonné les dix premières éditions. Des artistes, des spectacles, des créations ont marqué l’histoire du festival et il convenait de leur rendre hommage en donnant au public la possibilité de les revoir ou de les découvrir. Ainsi c’est un programme « Flash Bach » qui est proposé du 1er au 3 juin, avec une centaine de concerts dans une trentaine de lieux de la ville. On y relève donc des spectacles déjà vus à Passe ton Bach d’abord, des musiciens et des artistes fidèles à la manifestation, des rendez-vous bien établis… et quelques nouveautés.
Retour arrière en trois temps forts
Une ouverture « baroque hip-hop » vendredi 1er juin avec Ophélie Gaillard et Ibrahim Sissoko
Ophélie Gaillard a retrouvé son violoncelle (elle se l’était fait voler il y a quelques mois) et elle va retrouver son complice Ibrahim Sissoko pour le concert d’ouverture de cette édition anniversaire. Les habitués le savent, Passe ton Bach d’abord n’a jamais eu peur du mélange des genres, y compris en organisant d’improbables rencontres entre la musique baroque et ce qu’on appelle les cultures urbaines. Formé en 2012, le duo réunissant la grande violoncelliste et le danseur hip-hop a été programmé une première fois lors de l’édition 2013 du festival. Un tandem « baroque » dans tous les sens du terme qui avait fasciné les spectateurs à l’époque et un spectacle référence de la décennie passée. Deux raisons largement suffisantes pour reprogrammer En filigrane en ouverture de cette 11e édition vendredi 1er juin à 20h30 à Saint-Pierre des Cuisines. Ophélie Gaillard commencera seule avec son instrument avant d’inviter Ibrahim Sissoko à la rejoindre sur scène. Une séance de rattrapage à ne pas manquer pour tous ceux, sceptiques ou non, qui regrettent de s’être abstenus il y a cinq ans.
La Caravane Baroque repasse ! Départ au TNT samedi 2 juin à 22h
Elle est un des plus grands succès publics et une des plus belles trouvailles de l’Ensemble Baroque de Toulouse, la Caravane Baroque se remet en branle samedi 2 juin à 22h sur la grande scène du TNT. Une première pour l’EBT et Passe ton Bach d’abord en ce lieu emblématique du spectacle vivant à Toulouse avec ce programme présenté à juste titre comme un voyage dans le temps et l’espace. Un périple en quatre étapes à travers l’histoire de la musique baroque, ménageant quelques surprises et des arrêts dans les pays d’Europe qui, à leur façon, ont apporté leur pierre à l’édifice : l’Allemagne de Bach, la France de Rameau, l’Angleterre de Purcell… À chaque station, des filiations, parentés ou déclinaisons inattendues sont dévoilées au public : le jazz manouche dans la Suite en Si de Jean-Sébastien Bach, les chansons à boire autour de Rameau, la musique irlandaise chez Purcell, le tout illustré et interprété par une pléthore d’instruments en tout genre. N’oubliez pas de composter votre billet et prenez place dans la Caravane Baroque !
Messe brève en sol mineur, invités et surprises en clôture aux Jacobins dimanche 3 juin
C’était déjà le cas l’an passé à la Halle aux Grains pour une flamboyante Passion selon Saint-Matthieu restée dans les mémoires de tous les spectateurs présents, l’Ensemble Baroque de Toulouse et le Choeur Baroque vont donner le concert de clôture de cette édition 2018. Rendez-vous dimanche 3 juin à 19h au Couvent des Jacobins cette fois-ci. Pour ce bouquet final dans un des plus beaux lieux du patrimoine toulousain, c’est la Messe brève en sol mineur de Bach que l’EBT a choisi de redonner. Une œuvre magnifique, pas si souvent jouée que ça en concert, et tout particulièrement admirée de Michel Brun et ses musiciens. Un petit bijou qui devrait briller de mille feux et mille sons dans l’écrin des Jacobins. Autour de cette fin de festival en apothéose, l’Ensemble Baroque annonce également des surprises et des invités. Il y a donc un peu de mystère concernant le contenu et les acteurs de cette ultime soirée mais une chose est sûre, il est plus prudent de réserver ses places si l’on veut en être…
Une attraction : L’Escalabach
Le festival l’avait présenté il y a deux ans, l’Escalabach, l’invraisemblable et imposante installation sonore (15 mètres de long, 4 mètres de haut) construite par Florent Heuzé, a été de nouveau montée dans l’église des Jacobins dès le mois de mai. Conçu avec l’expertise et la collaboration musicales de Michel et Hugo Brun, cet ingénieux appareil prend la forme d’un grand escalier en bois assemblé et accordé de manière que les marches, lorsqu’elles sont frappées, émettent une note. En laissant descendre une balle du haut de l’Escalabach, on peut ainsi faire entendre Jésus que ma joie demeure. Une curiosité à découvrir ou redécouvrir. Nouveauté cette année, une réplique en miniature, interactive celle-là, a été installée à l’Hôtel Dumay, autre haut lieu du patrimoine toulousain qui abrite le passionnant Musée du Vieux Toulouse. Durant le festival, ce mini-Escalabach va permettre à tous les intéressés de s’improviser ou de se croire compositeur en l’utilisant. Avis aux amateurs !
Et encore des dizaines de concerts et propositions en tout genre…
Impossible de recenser ici les près de cent autres concerts et événements de cette édition spéciale « 10e anniversaire » de Passe ton Bach d’abord et de présenter en détails tout son programme foisonnant et génialement foutraque comme le veut l’esprit du festival depuis ses débuts. Sachez tout de même qu’on y trouve des créations comme celle de l’ensemble La Fenice, un coup de projecteur sur de jeunes talents comme le Duo Coloquintes d’Alice Julien-Laferrière et Mathilde Viale, le duo orgue-trompette de Jean Dekyndt et Bernard Soustrot, la rencontre de l’orgue et de la danse avec Michel Bouvard et les élèves de la classe danse du conservatoire de Toulouse, nos belles virtuoses toulousaines de l’alto et de la flûte Clara Cernat et Sandrine Tilly (qui ne joueront cependant pas ensemble), le post-rock/jazz du groupe toulousain Host, de la danse et de la guitare flamenco, de l’accordéon, du jazz manouche, de la musique klezmer, de la musique trad’, des ateliers d’écoute, des ateliers d’initiation à la danse baroque et bien d’autres choses encore. Faut-il le préciser, même si ça ne paraît pas évident pour quelques-unes d’entre elles, la musique de Bach est bien le fil conducteur et la toile de fond de toutes ces propositions.
Il ne vous reste plus qu’à vous plonger dans le détail du programme 2018 et à planifier, repérer votre parcours à travers la vaste et luxuriante jungle de Passe ton Bach d’abord.
Eh oui, le Bach, ça s’prépare…
Eric Duprix
Ensemble Baroque de Toulouse
Passe Ton Bach d’Abord
1, 2 & 3 juin 2018 • Toulousephoto 1 © Isabelle Caubert (250)
photo 2 / Halle aux Grains / l’Escalabach © Monique Boutolleau (2)
Ophelie Gaillard & Ibrahim Sissoko © Marie-Louise Pontus
Duo coloquintes © Gwenaelle Le Ny