Les fresques de La Reine Margot avec Isabelle Adjani, les décors de scène de Marie-Antoinette de Sofia Coppola, c’est lui ! Antoine Fontaine signe cet hiver les décors de Casse-Noisette, le prochain ballet du Théâtre du Capitole.
Assis dans le Grand foyer du Capitole, Antoine Fontaine feuillette son cahier de travail. Les maquettes, les aquarelles, les décors et les costumes qui défilent sous ses doigts nous plongent immédiatement dans un univers fantastique.
Un défi
Le décorateur a créé pour Casse-Noisette des boîtes magiques, des armoires bifaces dont un côté représente l’univers sombre du premier acte et l’autre la dimension colorée et onirique du second acte. L’intérieur de chaque boîte s’ouvre sur un troisième décor : « Dès notre première rencontre, Kader Belarbi m’a demandé une scénographie en pop-up, inspirée de ces livres anglais anciens qu’on ouvre et qui, en se déployant, créent des décors en volume ». Un véritable défi, reconnaît Antoine Fontaine, car tous les éléments restent sur scène du début à la fin du spectacle. Ce sont donc les danseurs qui sont chargés du changement de décor à vue : « En dehors de leur travail de danseurs, ils doivent avoir la précision et la fluidité du machiniste. Ça va être physique ! », promet-il.
Esprit de fête
Plutôt habitué aux opéras, Antoine Fontaine a créé des décors pour des ballets baroques mais il s’agissait de décors historiques, dans un esprit plus traditionnel : « Dans Casse-Noisette, pas d’obligation de réalisme, de réalité historique. Nous avions une certaine liberté et je dois dire que nous avons été assez loin dans les possibilités ». Il a réuni dans son atelier Kader Belarbi et le costumier Philippe Guillotel. Les trois hommes ont construit ensemble le scénario, les costumes et les décors. Parmi leurs inspirations, Le Magicien d’Oz et une bande-dessinée du début du 20e siècle, Little Nemo. Ajoutez à cela l’imagination débordante de Philippe Guillotel : « C’était assez joyeux ! », confie Antoine Fontaine, amusé.
Dans les ateliers du Théâtre du Capitole
La construction des décors a débuté cet automne dans les ateliers du Capitole. Des ateliers qu’Antoine Fontaine connaît bien puisqu’il avait déjà réalisé pour le Théâtre les décors des Maîtres chanteurs de Nuremberg (mise en scène de Nicolas Joel, 2002) et la scénographie de l’opéra de Rameau Hippolyte et Aricie (mise en scène d’Ivan Alexandre, 2009). Mieux encore, c’est lui qui a conçu et réalisé en 1996 les décors en trompe-l’œil de la salle du Capitole, là où trône aujourd’hui son décor de Casse-Noisette : « J’ai réalisé le plafond, les loges, le balcon. Cette fois, je peins le quatrième mur ». Tout un symbole.
Des ballets à l’opéra, en passant par le cinéma
Antoine Fontaine vit à un rythme effréné. Après Casse-Noisette, d’autres projets l’attendent. Il travaille beaucoup pour l’opéra et le théâtre, en France et à l’étranger : à l’opéra Bastille, la Scala de Milan, le Queen Elizabeth Hall de Londres … mais aussi pour le cinéma (La Reine Margot, Marie-Antoinette, Coco avant Chanel), sans compter la scénographie d’exposition. C’est lui qui a réalisé avec Christian Marti la mise en scène de l’exposition consacrée en ce moment à Barbara, à la Philharmonie de Paris : « Une vie passionnante et fatigante », mais c’est ce qu’il voulait faire depuis toujours : « Si j’ai une fierté, c’est d’avoir réalisé mon rêve d’enfant ». Nul doute que ce Casse-Noisette enchantera les spectateurs du Théâtre du Capitole et les plongera, eux aussi, dans leurs rêves d’enfants.
Léa Guichou
Photos : Patrice Nin
Casse-Noisette, du 21 au 31 décembre 2017 au Théâtre du Capitole.
Retrouvez la biographie complète d’Antoine Fontaine ici.