Nous sommes allés à la rencontre de Jean-Julien Urbain.
L’homme est passionné et passionnant : amoureux de l’art au sens large, il a un discours captivant empreint d’une culture artistique très forte.
Sur ce portrait qui illustre l’article, Jean-Julien pose avec un livre d’art. Un recueil de poèmes intitulé Le Centaure, écrit en prose entre 1837 et 1840 (une pratique très innovante à l’époque) par Maurice de Guérin, écrivain militaire régional qui a été adapté en œuvre plastique par l’artiste-sculptrice Odile Mir. L’illustration que l’on aperçoit est celle du Centaure ; mi cheval – mi homme, couché devant la grotte, la moitié dans l’ombre, la moitié au soleil. On peut faire le parallèle entre cette image et l’homme à la fois passionné d’art et chef d’entreprise que nous rencontrons aujourd’hui.
Cette passion pour l’art, et notamment la poésie, est une sorte de fil conducteur dans sa vie. Il aime la poésie. Pour s’en nourrir, s’apaiser et déconnecter. Elle est, pour lui, comme un tremplin qui permettrait d’envisager la vie de manière différente, une attention à l’autre.
« Je me lis dans ce que je lis » – Romain Rolland
Pour lui, la poésie n’est pas un ornement, mais plutôt un moyen de se revisiter intérieurement. Elle touche à l’intime et l’universel ; certains mots et livres forts lui permettent de se régénérer plus facilement qu’une fiction. La poésie, c’est d’abord pour soi, mais c’est aussi un partage.
Lui-même n’écrit pas, mais il aime faire partager la force des mots. D’ailleurs, historiquement, chaque proposition commerciale de sa société Ester se concluait par un poème.
« La façon dont on imagine le monde a une répercussion sur la façon dont on s’en occupe » – Gilles Clément
Le rapport poétique est un rapport esthétique et éthique qui rejaillit sur ses projets professionnels.
Jean-Julien a fondé, il y a 21 ans, Ester qui organise les flux et aménage des espaces de travail en lien avec l’évolution des usages des collaborateurs.
Il s’agit de créer plus qu’une ambiance, « un paysage ». Le tout dans une démarche RSE et en se basant sur la culture de leur client. Ester accompagne localement des PME comme des grands groupes (Morning, M-Capital, Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne, INA, FONGECIF à Paris…).
Il y a une dizaine d’années, suite à la rencontre de Jean-Julien avec Michel Tosi, est née Ema, une SCOP à laquelle se sont associés Annie Kirner et Philippe Gambino. Les 4 co-fondateurs soutiennent la transformation des entreprises au travers de leur projet immobilier et conçoivent des solutions pour améliorer à la fois la qualité de vie au travail et les performances de l’organisation.
Dans cette démarche d’accompagnement global, ils s’entourent d’une dizaine d’experts qui interviennent dans divers domaines (designer, sociologue, kiné, graphiste, ergonome, consultant, facilitatrice, ingénieur, ergothérapeute…). Par exemple, avec des équipes d’architectes (Atelier A4 – Eric Taveau) avec lesquels ils élaborent des mobiliers pensés pour répondre à des besoins de plus en plus complexes et en constante évolution.
Les deux structures ayant à cœur de valoriser « le savoir local », ces meubles sont fabriqués en France, et dans la mesure du possible dans la région, avec des matériaux locaux. Cette SCOP toulousaine intervient en France, auprès de tous types de structures, start-ups, grands groupes ou collectivités publiques (Couserans Constructions, Green Flex, Bleu citron, Poult, CLS, Crédit Agricole 31, Berger-Levrault …).
Les deux structures sont à la fois distinctes et imbriquées. Les équipes sont hébergées dans un même lieu, l’Atelier, et partagent des valeurs communes : la Responsabilité (à la fois sociétale et environnementale), l’Ingéniosité (optimisation et frugalité) et le Partage. Héritage de la SCOP, le partage se ressent aussi dans la culture d’entreprise, notamment au travers d’événements fédérateurs et de rituels collectifs conviviaux (repas, séminaires, formations) organisés régulièrement pour l’ensemble des collaborateurs, partenaires et clients.
L’Atelier est situé au cœur de Toulouse, sur les allées Jean Jaurès.
Dès l’entrée, l’espace interpelle par son aménagement et sa décoration : un extrait de poème de René Char sur la vitrine comme une invitation à rentrer dans « leurs pays », une immense toile sur le mur, un mobilier surprenant… Pas de doute, cet espace est propice à la créativité et reflète parfaitement la culture d’entreprise.
Le lieu est essentiellement composé de prototypes et de mobiliers conçus par leurs soins.
« Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains »
Ce lieu est empreint à la fois d’une culture artistique forte et d’une volonté de faire valoir le « fait-local », le fait main !
Au fil de la conversation avec Jean-Julien, on découvre que le lieu a été choisi notamment pour pouvoir accueillir cette impressionnante œuvre de 6×2 mètres de Bernard Rousseau, artiste peintre toulousain.
Investi dans la vie culturelle toulousaine, il a à cœur d’en soutenir les artistes. Dans cet objectif, et pour éveiller votre curiosité, il évoque Bernard Rousseau, artiste peintre, mais également Giancarlo Ciarapica, écrivain, metteur en scène de théâtre et Béatrice Bouffil, poète, dont le dernier livre a été illustré par Joan Jorda.
« Dans mon pays, on ne croit pas en la bonne foi du vainqueur. Dans mon pays, on remercie »
Julie Clément
82 allées Jean Jaurès – 31100 Toulouse
Les acteurs de la culture / Jean-Julien Urbain
photo © Pierre Beteille