Barbara, un film de Mathieu Amalric
Voilà vingt années que la grande dame en noir de la chanson française s’est éclipsée à jamais. La sortie du dernier opus de Mathieu Amalric aujourd’hui ne peut être une coïncidence. Lui qui a horreur des biopics et des commémorations… Soit. Que nous propose-t-il donc ?
En fait des variations pour le moins sibyllines sur cette artiste, variations qui ont pour origines, d’une part le livre de Jacques Tournier publié en 1968 et, d’autre part, le documentaire réalisé par Gérard Vergez durant la tournée de la chanteuse en 1972. Lesdites variations se structurent, si l’on peut dire, autour du tournage d’un film sur Barbara. Où l’on voit l’actrice se préparer vocalement, musicalement, scéniquement, etc.
Yves, le réalisateur, est amoureux fou de son sujet. Il est aisé de s’en apercevoir. Donc, nous assistons à quelque chose qui n’a rien d’original puisqu’il s’agit d’un film dans le film. De temps en temps, des images d’archives nous montrent l’authentique et il faut bien reconnaître qu’il n’est pas interdit alors d’être perplexe tant Jeanna Balibar (Barbara) est stupéfiante de ressemblance. Cela dit, Mathieu Amalric, qui interprète également le rôle de Yves, le martèle sans cesse, il ne s’agit pas ici d’un biopic. De quoi s’agit-il alors ? A vrai dire, la question est sans réponse tant ce film d’un intellectualisme fleurant bon une certaine intelligentsia nous laisse de marbre après nous avoir perdus en route. Ni fait, ni à faire, ce que nous voyons ne dépasse pas le stade de l’anecdote, parfois un brin graveleuse, et ne nous montre en aucun endroit un début de portrait de cette artiste.
La voir tricoter dans une voiture ou bien renvoyer son amant en tenue d’Adam dans le couloir de l’hôtel est tout sauf intéressant. Entre caprice de diva et femme traumatisée par une enfance juive (elle est née en 1930…) et un père qui abusa d’elle, il y a vraisemblablement une autre vérité sur Barbara, celle qui intéresse son public, une vérité qu’a, peut-être, cherchée Mathieu Amalric, mais qu’à l’évidence il n’a pas su écrire et filmer, si ce n’est maladroitement et de manière totalement absconse.
Robert Pénavayre
Barbara – Réalisateur : Mathieu Amalric – Avec : Jeanne Balibar, Mathieu Amalric…
Jeanne Balibar – Fille d’une physicienne et d’un philosophe
Entre séries tv et longs métrages, cette parisienne bon teint a déjà inscrit plus de 50 opus à son catalogue cinématographique. Cela dit, après de très brillantes études, bon sang ne saurait mentir, Jeanne pousse la porte du célèbre Cours Florent et se retrouve quelques temps après à la Comédie Française. Elle quitte cette vénérable institution en 1997. Elle a alors 29 ans. Elle devient dès lors l’égérie d’un certain cinéma d’auteur pas forcément grand public et partage un temps sa vie avec Mathieu Amalric. Chanteuse et comédienne de théâtre également, Jeanne Balibar demeure l’une des personnalités les plus attachantes, troublantes et complexes du monde du spectacle.