Souvent perçue comme l’art du réel, la photographie ne l’a jamais été – il suffit, pour s’en convaincre, de constater son rôle dans les ouvrages de propagande tout au long du siècle dernier.
C’est ce rapport illusoire à la réalité qu’explore la nouvelle édition de l’Été Photographique de Lectoure sous une forme renouvelée, et le titre Cette réalité qu’il ont pourchassée.
Car il ne s’agit pas tout à fait d’une manifestation photographique, mais plutôt d’un festival des arts contemporains -incluant la création sonore- construit autour de la photographie.
Ce glissement de ligne éditoriale est palpable dès la première des cinq expositions : dans la Maison de Saint Louis, le duo anglo-américain Kahn et Selesnick propose une installation immersive hyper-poétique où peintures, dessins, sculptures et vidéo se mêlent aux photos, pour conter l’histoire réinventée de la dérive d’un iceberg dans le port de Lübeck en 1923 et questionner le rapport entre économie, écologie et durabilité.
Le récit en lisière de fiction se perpétue à chaque station :
Dans le cabinet de curiosité lynchien du plasticien et taxidermiste Sylvain Wavrant, étudiant la limite fine entre fascination et répulsion.
Avec les clichés superbes de l’allemande Karen Knorr, fonctionnant comme une projection, ou peut-être une continuation, d’un univers mental.
Par les inventions visuelles de Stéphane Castet, qui se définit lui-même comme un faiseur de choses pour qui art et vie quotidienne ne font qu’un dans leurs capacités égales de créations.
C’est donc la recherche plastique sous toutes ses formes que le festival expose, empruntant les chemins de traverses, comme avec le film de l’artiste flamand Hans Op De Beek, « Parade ».
Hypnotique et inexplicablement bouleversant, sa bande-son est si profondément intriquée à son récit que sa musique se transforme en art visuel à part entière.
Composé autour de la singularité de ses lieux d’exposition et le travail de dix-huit artistes, l’Été Photographique de Lectoure prouve, s’il le fallait encore, combien la photographie est un art majeur, et s’adresse à tous : aux amateurs d’arts convaincus autant qu’à ceux prêts à en tomber amoureux.
Eva Kristina Mindszenti
Photographies © EKM
Été Photographique de Lectoure
du 15 juillet au 24 septembre
Ouvert tous les jours de 14 h à 19 h
Informations :
Centre d’Art et de Photographie de Lectoure
8 cours Gambetta
32700 Lectoure
05-62-68-83-72