Compte-rendu, concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le 18 avril 2017. Dallapiccola. Liszt. Moussorgski. Chamayou / Filarmonica Teatro Regio Torino /Noseda.
Quelle Chance ! La semaine dernière le délicat Laloum et là le volcanique Chamayou. Les deux pianistes Toulousains les plus aimés du moment sont à la fête dans leur ville!
Dans le contexte international et surtout italien si complexe au niveau de la culture, il est sympathique d’accueillir en tournée un orchestre qui a été récemment créé: en 2003. Son répertoire est vaste; il défend avec régularité les compositions du XXème siècle. Mais il s’illustre également dans la fosse du Teatro Regio de Turin. Sous la direction enthousiaste de son chef, Gianandrea Noseda, le Filarmonica Teatro Regio Torino acquiert peu à peu une solide réputation internationale.
Pour se présenter à Toulouse, il vient avec un ambassadeur de charme. Le pianiste toulousain Bertrand Chamayou est adoré du public local, et fait à chaque fois sensation. Il faut reconnaître que le deuxième Concerto de Liszt lui a permis de démontrer la solidité de sa technique qui semble avoir encore progressé. En complicité avec le chef, le pianiste français a trouvé un accord pour une version athlétique du Concerto. Il est permis de regretter le manque de poésie et de nuances mais il faut reconnaître que l’effet est absolument saisissant. Assumant sans complexe le côté « pompier » du thème hongrois, l’énergie dégagée par cette interprétation a comblé le public. Les passages lents plus paisibles n’ont pas été avares de démonstration des capacités techniques fabuleuses du jeune pianiste qui assume un jeu intensément musclé donc et plutôt dominateur.
Gianandrea Noseda canalise très habilement son orchestre qui tient le choc face au fantastique piano symphonique de Chamayou. Dans les deux bis offerts au public, Bertrand Chamayou, encore plein de la puissance de son jeu lisztien, si conquérant, s’il nuance habilement ne trouve pas le chant éperdu contenu dans les deux adaptations par Liszt de lieder de ses amis, Schubert et Mendelssohn. Mais quel virtuose !
En deuxième partie de programme, l’orchestre nous emporte dans la vaste promenade des Tableaux d’une exposition. La partition, si brillante dans l’orchestration sublime de Maurice Ravel, est bien connue des toulousains. C’était un pari risqué pour Gianandrea Noseda. La technique de l’orchestre est impressionnante et les couleurs sont belles à tous moments. La précision rythmique parfois horlogère, est cependant brouillée par la puissance sonore, quasi permanente, et l’humour qui lui, n’est pas présent. Nous dirons que la forme dévoile un orchestre qui a tous les atouts d’un grand symphonique mais il reste à acquérir le style musical précis pour chaque compositeur. La puissance est intéressante mais la retrouver tout au long du programme a nui à l‘écoute.
En début de programme, les extraits symphoniques du ballet Marsia de Luigi Dallapiccola composé durant la deuxième guerre mondiale, ne trouvent pas le chemin du cœur. Le malaise ressenti lors du Prisonnier du même Dallapiccola, donné au Capitole en 2015 persiste, comme si le compositeur, habile certes, ne s’autorisait ni vrai lyrisme ni avant-gardisme assumé.
Au final, le spectaculaire Concerto de Liszt restera lui, dans le souvenir comme le meilleur moment du concert. Sans oublier le bis de l’orchestre qui révèle peut être sa véritable richesse dans le répertoire lyrique. L’émotion dégagée dans l’intermezzo de l’acte trois de Manon Lescaut de Puccini a été une belle surprise qui finit le concert en beauté
Hubert Stoecklin sur Classiquenews.com
Compte-rendu, concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le 18 avril 2017. Luigi Dallapiccola. Franz Liszt. Modeste Moussorgski. Bertrand Chamayou, piano. Filarmonica Teatro Regio Torino. Gianandrea Noseda, direction.
Illustrations : Bertrand Chamayou et Gianandrea Noseda (DR).