Sous la direction d’Evan Rogister, « Ernani » de Giuseppe Verdi est à l’affiche du Théâtre du Capitole, dans une nouvelle production toulousaine mise en scène par Brigitte Jaques-Wajeman, avec Alfred Kim, Vitaliy Bilyy, Tamara Wilson et Michele Pertusi.
Âgé de 30 ans, Giuseppe Verdi établit définitivement sa position dans le monde de l’opéra avec « Ernani », son cinquième ouvrage étant acclamé le 9 mars 1844 par le public de la Fenice de Venise. Enthousiasmé par le drame de Victor Hugo, « Hernani », créé à la Comédie-Française en 1830, le compositeur avait pressenti le succès d’une adaptation lyrique. L’élaboration du livret fut confiée au jeune Francesco Maria Piave – ce sera le début d’une collaboration de dix-huit ans entre les deux artistes. L' »Ernani » de Verdi et de Piave reprend le déroulement initial du drame, où l’on suit Don Juan d’Aragon prenant la tête des rebelles, sous le nom d’Ernani, afin de venger son père, tué injustement par le roi Don Carlo. Réfugié dans la forêt parmi les brigands, il envisage d’enlever Elvira, laquelle est convoitée à la fois par le roi et par l’oncle et tuteur de celle-ci, Don Ruy Gomez de Silva. Seule la fin voulue par le compositeur diverge du drame français se concluant par une double mort.
Malgré les changements suggérés par la censure d’un pouvoir sous l’emprise des occupants autrichiens, Verdi refuse de s’exécuter. « Ernani » est en effet le prétexte d’une fresque politique où l’on sent tout l’héritage de 1789 cher aux artistes des années 1830. C’est grâce à des opéras de caractère historique, où l’attachement populaire joue un rôle prépondérant, que le compositeur finira par toucher un large public. Alors que le contexte sociopolitique de l’époque demeure instable, il s’entêtera ainsi à produire des œuvres dont les situations ou les héros réveillent les élans patriotiques des spectateurs. Il signe ici un ouvrage encore très classique, voire conventionnel dans son écriture harmonique. Mais l’évolution la plus marquante de son approche musicale se révèle sur le plan mélodique dans des lignes de grande texture destinées aux rôles principaux.
À Toulouse, l’ouvrage sera dirigé au Théâtre du Capitole par le jeune chef new-yorkais Evan Rogister (photo), appelé à la tête du Chœur et de l’Orchestre du Capitole en remplacement de Daniel Oren. Déjà invitée à mettre en scène « Don Giovanni », Brigitte Jaques-Wajeman sera aux commandes de cette nouvelle production interprétée par un quatuor prometteur : le ténor Alfred Kim – déjà entendu dans « le Trouvère » et « Turandot » –, le baryton Vitaliy Bilyy (« Le Trouvère », « Un Bal masqué »), la soprano Tamara Wilson (« Le Trouvère », « Les Deux Foscari ») et la basse Michele Pertusi.
Jérôme Gac
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Du 10 au 21 mars, au Théâtre du Capitole,
place du Capitole, Toulouse.
Tél. : 05 61 63 13 13.
Rencontres avant la représentation, 19h00.
Conférence, jeudi 9 mars, 18h00,
au Théâtre du Capitole (entrée libre).
Evan Rogister © Simon Pauly