Une fin d’après midi de rêves à Rochemontès.
Deux concerts, chaque fois faisant salle pleine à l’Orangerie de Rochemontès pour ce froid dimanche du 20 novembre 2016 : Il n’y a rien de mieux pour réchauffer cœurs, corps et âmes. Catherine Kauffmann Saint-Martin organise depuis 5 belles années ces délicieux moments de partages ou des artistes trop rares en pays toulousain ont conquis à chaque fois un public enthousiaste
Le concert de 16h30 a été confié à deux artistes surdoués et passionnés. Orianne Moretti a conçu, mis en scène, dit et chanté un spectacle très abouti qui permet de renter dans la complicité amoureuse, proche d’une fusion totale, entre Robert et Clara Schumann. Orianne Moretti est pour la durée du spectacle une parfaite Clara, noble belle et enthousiaste.
Les extraits de la correspondance et du journal intime de chacun des deux amoureux romantiques sont dits avec une présence saisissante. Lorsqu’elle chante la voix de soprano est homogène et brillante et sa diction parfaite. Son compère, le pianiste Ilya Rashkovskiy est aussi doué qu’elle, lui qui de ses moyens pianistiques considérables sait faire du chant romantique, des nuances extraordinaires et qui phrase admirablement pièces de piano seul ou lieder. Il est d’avantage un partenaire d’exception qu’un accompagnateur.
La musique de Clara Schumann mérite tout notre amour car elle est imprégnée par les musiques subtiles qu’elle jouait et créait. Ainsi Bach, Chopin, Mendelssohn, Robert Schumann et Brahms sont comme réunis en des pièces originales et belles.
Signalons que enregistrement de quelques très belles pièces de Clara Schumann par nos deux artistes est un pur régal.
Mais ce dimanche était aussi celui d ‘une soirée de gala incroyable.
De nombreux artistes venus dans ces dimanches musicaux depuis 2012 étaient là ; mais également ceux qui voulaient dire leur amitié à Catherine. Et dans la salle certains étaient venus pour le plaisir. Impossible de décrire chacun, je chercherai plutôt à dire combien une certaine communauté artistique a été perceptible en une diversité incroyable. Catherine Kauffmann Saint-Martin aime les musiciens autant que la musique et aime partager cet amour avec le public. Toute sa vie elle l’a fait avec sensibilité et passion. Cette communauté d’un soir a été à la fois hétéroclite avec un regard extérieur mais évidente par un même rapport à la poésie.
Ainsi se sont succédé, rencontré, associé et nous ont subjugué les artistes de cette belle liste.
Pour les voix chantées : Magali Léger, Orianne Moretti, Martine Gonzalez
Les voix parlée : Laure Urgin, Solange Bazely, François Castang
Au piano : Thierry Huillet, Jérémie Honnoré, Ilya Rashkovskiy, François Riu-Barotte
Au clavecin : Yasuko Uyama-Bouvard
Au Violon : Clara Cernat
A la flûte à bec : Jean-Marc Andrieu
A la flûte traversière : Sandrine Tilly
Au Basson : Laurent Le Chenadec
A la guitare : Sébastien llinarès, Frédéric Denépoux
L’humour et la complicité de Jean-Marc Andrieu, Yasuko Bouvard et l’impayable Laurent le Chenadec au basson comme à la flûte ont débuté le concert avec panache.
Magalie Leger, Laure Urgin et Frédéric Denépoux ont été des fées et un elfe au service d’une musique espagnole pleine d’ émotions d’ une grande subtilité.
Le duo à la scène comme à la ville de Clara Cernat et Thierry Huillet ont donné corps à la création de Thierry Huillet : Buenos Aires. Ces tangos très musclés ont eu beaucoup de succès.
L’humour de Martine Gonzales avec le subtil piano de François Riu-Barotte est incroyable. Sa version de la Neurasthénie devrait être remboursée par la Sécurité Sociale ! L’humour et le chic en parfaite harmonie.
La flûte solo de l’Orchestre du Capitole fait le bonheur du public à chacune de ses interventions. En soliste de charme, Sandrine Tilly, a joué avec esprit et élégance la sonate de Poulenc.
François Castang a été un parfait Monsieur Loyal toute la soirée, les courts textes dits sur le Haïku composé par Thierry Huillet pour violon, flûte et piano ont été un chef d’oeuvre d’humour.
La guitariste Sébastien Llinarès a offert un moment de pure poésie avec son adaptation à la guitare de la première Gnossienne de Satie. Le toucher admirable de beauté, les nuances, la profondeur des différents niveaux font de cette adaptation une redécouverte de la beauté lyrique de la musique de Satie. Le pouvoir expressif de la Guitare de Sébastien llinarès dans du Eric Satie a été un moment proche du sublime.
Avec Orianne Moretti et Ilya Rashkovskiy le trio formé pour une mélancolique mélodie polonaise a semblé d’un « équilibre surnaturel ».
La poésie et les textes ont également eu leurs moments particuliers avec une lecture émue du poème des danseurs de Tango par l’élégante Solange Bazely avant le duo. Laure Urgin avec charme a été la voix de Garcia Lorca mais le beau parleur, le loyal ami grâce à qui la soirée a passé comme un rêve est François Castang , qui a su avec art être le sel des mots de Satie avec une pointe d’acidité quand au piano Jérémie Honnoré avait le sucré et l’humour des notes de ce dandy négligé nommé Eric Satie.
Enfin la Barcarolle de juin extraite des saisons de Tchaïkovski a atteint de sommets de poésie sous les doigts de Ilya Rashkovskiy.
Le final a été le moment de partage avec le public le plus émouvant pour Catherine Kaufmann Saint-Martin. Assise au pied des artiste regardant vers le public elle dégusté chaque note de la Barcarolle des Contes d’Hoffmann dirigée par Jean-Marc Andrieu. C’est cette belle image qui montre mieux qu‘un long discours la place de passeur tenue depuis toujours par « CKSM ».
Merci Catherine non seulement pour ces belles saisons de Rochemontès abouties en un gala incroyable de poésie, mais surtout pour cette déclaration d’amour toujours renouvelée à la musique, aux compositeurs, aux artistes et au public.
Hubert Stoecklin
photos : Jean-Jacques Ader