Le bar-brasserie Le Cactus à Compans Caffarelli propose depuis trois ans maintenant des expositions photos. Tous les mois, un photographe investit le lieu pour donner son regard, sur un thème choisi : un projet séduisant et inhabituel.
Le Cactus existe depuis 1977 dans le quartier de Compans Caffarelli. Mais ce n’est que depuis peu que l’équipe décide d’organiser et de présenter au public des expositions photos, à travers un concept : 11 mois, 11 photographes. Le peintre, sculpteur et ami de la gérante, Patrick Pavan, a l’idée originale de proposer l’exposition successive d’un peintre puis d’un photographe. Assez naturellement, la photographie va s’imposer. Et c’est une véritable réussite aujourd’hui. Régine Vidal, gérante du Cactus depuis 2012 en témoigne : « Je suis tout le temps sollicitée. On fonctionne en réseau : quelqu’un connaît quelqu’un d’autre puis connaît quelqu’un d’autre et ainsi de suite. De plus, l’endroit ne déplaît en général pas aux photographes ». Et c’est vrai, l’éclairage apporté à chaque photographie et la disposition de la salle sont de réels atouts. En outre, les expositions organisées s’inscrivent dans le cadre d’une Saison photo à Toulouse.
Une saison : 11 photographes convoqués par l’un d’entre eux
Chaque année, selon Régine Vidal, « un photographe devient le lien avec les 10 autres et sélectionne les travaux que l’on va exposer ». La programmation de l’année 2017 est confiée à Joël Arpaillange, photographe, auteur et membre du collectif Vertige. Pour ce qui est de la sélection, Joël Arpaillange le dit lui-même « Je demande à chaque futur exposant de me fournir à l’avance une maquette de son projet en 14 photos. J’analyse alors la technique, la qualité photographique et l’intérêt du sujet. J’essaie justement de varier les sujets, les techniques et les styles. J’essaie aussi de faire en sorte que les sujets traités ne soient pas pris au hasard, mais reliés par un fil conducteur. Et ceci demande une connaissance très en amont des sujets proposés ».
Le Cactus, une galerie singulière
D’un premier coup d’œil à l’extérieur, rien ne laisse à penser que le Cactus abrite une véritable galerie photo. Et c’est peut-être en cela que l’idée interpelle. Pour Joël Arpaillange, « Le Cactus est un lieu de vie pour le quartier et un pôle d’animations avec ses concerts, ses clubs et cafés divers. Exposer dans un tel lieu, permet d’apporter aux gens ce qu’ils n’ont pas le temps ou la volonté d’aller voir ailleurs. C’est un bel apport culturel et les habitués du Cactus sont heureux de découvrir une nouvelle exposition, chaque début de mois ». Le projet semble tenir à une ferme intention : ne pas réserver la culture à quelques uns et révéler par là même, des talents peut-être parfois confidentiels ou au contraire plutôt connus.
Un temps fort tous les mois
Chaque début de mois, un vernissage inaugure la nouvelle exposition. Régine Vidal se réjouit de voir que ces vernissages séduisent à la fois des passionnés de photographie, la clientèle habituelle du café mais aussi des gens qui viennent ici par hasard : « Et puis, on retrouve l’entourage du photographe et les photographes qui ont exposé auparavant ». C’est finalement une vraie communauté qui se crée, de rendez-vous en rendez-vous. Une centaine de personnes participent d’ailleurs à ces évènements : « Nous avons eu pas mal de monde pour le dernier vernissage qui s’inscrivait dans le cadre du festival Toulouse Polar du Sud et notamment des écrivains du genre noir. Et c’est très bien d’inscrire le vernissage dans une autre manifestation : c’est ce que l’on essaie de faire le plus souvent possible ».
Et qui peut-on voir exposer au Cactus ?
Des photographes à l’image de Pierre Beteille ou encore Louis Blanc, ont déjà exposé au Cactus. Tout dernièrement, le mois d’octobre a mis la littérature policière à l’honneur avec une exposition du travail de Christelle Guillaumot, dans « OBJECTIF (NOIR) ». Pour cette exhibition composée dans le cadre de Toulouse Polar du Sud, une prédilection : le portrait noir et blanc des auteurs de polars. Pour le mois de novembre, le Cactus accueillera Arnaud Chochon, pour sa troisième exposition. Le projet qui sera exposé évoquera la transmission notamment dans le secteur de l’agriculture. Par l’intermédiaire de portraits en pied, le photographe semble vouloir questionner le spectateur sur cette transmission, parfois à double tranchant : source de tension et de conflit mais aussi de fierté et de complicité. Régine Vidal attend impatiemment cette troisième exposition de l’artiste « Chaque fois, il produit des choses de qualité. Une première fois au Cactus, son travail portait sur un tatoueur, puis il a mis en relation dans une deuxième exposition des visages et des chaussures. Chaque année son travail est différent ».
Joël Arpaillange, coordinateur de la programmation 2017, a lui aussi pu exposer ses œuvres au Cactus. En septembre 2014, « Sons en scène » correspondait à un travail photographique « pour lutter contre la morosité, la xénophobie et le replis sur soi. De la couleur, de la chaleur, de la générosité émanaient de ces portraits réalisés en concert : un hommage à la musique, à la vie et à la diversité », selon ses mots. En septembre 2016, il s’agissait selon lui toujours, de sa «vision à la fois poétique et angoissante d’un marais intitulé « Dans la brume électrique » comme le film de Bertrand Tavernier. J’ai utilisé des tirages noir et blanc denses et fouillés, pour évoquer ce lieu en me détachant de la réalité».
Parmi les projets qui ont marqué Régine Vidal, il faut aussi noter celui de Frederick Lejeune et Carmen Larousse notamment : « Les deux photographes avaient pris en photo une compagnie de théâtre, à l’origine du spectacle La Famille Loyal et lors du vernissage, cette dernière est venue justement pour une représentation. C’était si drôle ».
Le Cactus, un lieu d’effervescence
Au-delà des expositions photos, le Cactus propose également des concerts tous les dimanches : de la pop, de la chanson française et parfois même des spectacles humoristiques. Régine Vidal en témoigne « Je suis sollicitée si vous saviez… Dans tous les cas, je privilégie les compos. J’aime les gens qui composent. Ce sont essentiellement des toulousains mais de temps en temps certains viennent d’ailleurs, des belges notamment ». Le Cactus est aussi un café des langues quatre soirées par mois : « J’adore ça ! C’est un brouhaha dissonant ! ». Enfin, tous les mercredis soirs, les amateurs du jeu de go se réunissent aussi au Cactus.
Marjorie Lafon
Crédits Photos :
Photos du vernissage de l’exposition de Christelle Guillaumot, « OBJECTIF (NOIR) » le 6 octobre 2016 © Christelle Camus
Le Cactus – 13 bd Lascrosses 31000 Toulouse
Facebook – Régine Vidal – Cactus ou Cactus « live »