Georges Méric y tient, la trentième édition de ce festival ne dérogera pas à ce que la manifestation a pu susciter au fil des années grâce à une programmation ayant fait le choix, dès le départ, de l’excellence. Et ce, tout en reflétant toutes les facettes d’un courant musical dont la naissance et l’évolution ont pu côtoyer les grands moments de l’histoire du XXè siècle et maintenant, les débuts de ce XXIème.
Le Festival Jazz sur son 31 se plaît à rappeler que, à l’image de ce style musical en mouvement et ouvert sur le monde, il est fondé sur : la diversité des univers avec des artistes confirmés et de jeunes talents réunis autour d’une programmation placée sous le signe de l’éclectisme, mais aussi la diversité des publics avec des concerts à des tarifs conçus pour être accessible au plus grand nombre. Et si les 20 ans, c’était bien le plus bel âge, les 30, c’est toujours celui du désir, de l’énergie, de la générosité, de l’échange et de la rencontre. La pleine maturité est atteinte.
Tous les grands noms ont été programmés à “Jazz sur son 31“ depuis la première édition avec Miles Davis en 1987, Sonny Rollins et en suivant, les Art Blakey, Nils Peter Molvaer, Herbie Hancock, Chick Corea, Archie Chepp, Dee Dee Bridgewater, le Kenny Garett Sextet, même Philippe Léotard, Henri Salvador, Paolo Conte, et même le Gotan Project, et Marianne Faithfull, Ben Harper. Bien sûr, tous les jazzmen et jazzwomen français ont été au rendez-vous, au moins une fois.
C’est bien un festival ouvert à tous comme le souhaitaient ses créateurs en 1986, les Francis Barrascou, Gilbert Vienne et Philippe Léogé, avec l’appui total du Conseil général et de son Président Pierre Izard. Ils ont senti que la Ville Rose était prête pour un festival tout entier consacré au jazz. Les petites formations se multiplient, les salles aussi, il était temps de frapper un grand coup, ce qui fut fait. Mais à quelle période de l’année ? Quoi de mieux que la deuxième quinzaine d’octobre, quand tout ce petit monde a repris la marche de son quotidien et peut profiter, avec la douceur de l’été indien haut-garonnais, de toutes ces musiques que l’on classe dans la rubrique JAZZ. Chaque programmation saura marier avec malice le jazz le plus orthodoxe avec ses voisins venus du rock, de la soul, et autres, blues, fusion, gospel, salsa, et même maintenant le rap, avec des incursions de musiques venus du Nord, des pays slaves, des Caraïbes, de l’Afrique de l’Ouest, et de plus en plus des pays arabes.
Après septembre qui se consacre au piano avec Piano aux Jacobins, les premières semaines automnales sont dévolues, et ce, pour tout le territoire de la Haute-Garonne, à la multitude d’événements liés donc au jazz, du 8 au 23 octobre pour le cru 2016. Grâce à ce festival, c’est bien au-delà du périphérique toulousain que les vibrations d’un saxo, ou d’une contrebasse, ou d’une trompette feront résonner les lieux. C’est le moment de découvrir la salle des fêtes de Saint-Clar-de-Rivière, ou de Le Burgaud, ou de Ciadoux, ou de Casties-Labrande, le Centre culturel de Belberaud, ou de Labarthe-sur-Lèze. S’y ajoutent des lieux plus connus comme Odyssud, Le Bascala sans parler bien sûr des salles traditionnelles toulousaines avec toujours le chapiteau de la cour du Conseil Départemental, l’ex-Magic Mirror arrivé pour les 20 ans, et toujours là, rebaptisé Automne Club.
5 euros pour vous accueillir, cette année, à l’un des 20 concerts qu’il abritera autour de thématiques comme « Autour du jazz français », « Jazz européen », « Club New-York », et les fameuses « Passerelles ». A ce sujet, insistons sur plusieurs nouveautés tournées vers différents publics. Les responsables ont à cœur d’offrir une scène dédiée aux Ensembles Jazz des écoles de musique de l’UDEMD, des scènes ouvertes aux agents musiciens amateurs de jazz du Conseil départemental, et pour fêter les 30 ans, des soirées d’ouverture et de clôture gratuites mais, il faudra réserver, vous vous en doutez.
Le Conseil Général d’abord et, Départemental en suivant, s’est toujours plu à offrir des concerts mais vu le succès rencontré, certains sont peut-être toujours sans réservation tandis que d’autres nécessitent maintenant une réservation. A vous de consulter la brochure et de prendre vos précautions. Pour les premiers, il y a 10 dates en différents lieux dont La Fabrique à l’Université Toulouse J.Jaurès, et pour les autres, 13 dates avec l’Espace Roguet très sollicité.
Quant aux concerts payants, mais toujours modestement, deux catégories, avec ceux qui peuvent entrer dans des abonnements et certains, non.
Le samedi 10 octobre à 20h30, la grande salle d’Odyssud à Blagnac affichera complet avec, réunis pour la première fois en tournée mondiale, le pianiste et chef d’orchestre d’origine cubaine Chucho Valdès et le saxophoniste ténor américain Joe Lovano, deux parmi les meilleurs ambassadeurs de la planète jazz, à n’en pas douter. On n’oublie pas, avec eux, trois instrumentistes parmi les plus doués de Cuba, à la batterie, à la contrebasse et aux “percu“. Ambiance jazzy afro-cubain garantie “caliente“.
Le Zenith accueille à 20h un surdoué non pas du jazz, mais un surdoué des musiques, et de la trompette, j’ai nommé Ibrahim Maalouf. Et un surdoué de la scène qui fait de chacune de ses apparitions un événement. Dans le projet Red and Black Light, les mélodies et polyrythmies inspirées de la musique traditionnelle du Liban s’offrent sous des atours électro/pop/rock accessibles partout et par tous. Et ils sont 9 sur scène dont trois autres trompettes initiées par lui aux quarts de tons. Les cuivres sont bien à l’honneur.
Quelques mots sur le jazz et la voix, par exemple, à la Halle aux Grains, le samedi 22 octobre à 20h30 et pour 10€ !! un concert enregistré par France-Musique s’intitulant Soul Power, avec Gregory Porter, la sensation actuelle afro-américaine du jazz vocal. Il est de retour quatre ans après son concert triomphal. Avec ses fidèles musiciens, il présentera le répertoire de son nouvel album, « Take Me To The Alley », édité sous le label mythique de Blue Note. Il représente actuellement une des meilleures incarnations de l’éternelle soul avec cette voix chaude et cuivrée de baryton basse. Il se prétend clairement chanteur de jazz, « parce que l’amour et la protestation sont les sujets dont le jazz se nourrit depuis son origine ».
« Vous pouvez construire quelque chose sur un bout de papier qui peut paraître bien, mais ça doit être vrai et frapper au cœur », insiste-t-il.
Loin de la soul, d’accord, mais avec une voix toujours, accompagnée par une batterie et une guitare, c’est celle de Leïla Martial dont il est dit que son art relève aussi bien du rock le plus oblique que de l’électro expérimental. Soutenue par son petit groupe hors-pair, ses acrobaties vocales sont au centre de chansons exaltantes et inhabituelles aux virages imprévisibles, entre séduction et inquiétude, lyrisme et effervescence, en anglais, en français ou sans paroles, une sorte “d’esperanto interstellaire“. Ce sera à l’Automne Club, à 18h30, le mardi 18 octobre.
Chant encore avec piano et guitare pour Esther Nourri, mue par une passion dévorante pour le jazz et qui perpétue la tradition du jazz vocal féminin. Elle saura nous faire partager sa passion des standards, inspirée par ses “sœurs du jazz“, les Ella, Sarah Vaughan, Carmen McRae, Diana Krall, et nous plongera au plus profond de l’âme du blues, toujours magnifiquement accompagnée seulement par deux musiciens. C’est l’essence même du « standard » qu’elle souhaite nous faire re-découvrir, nous emportant afin de vibrer du bonheur simple que procurent les sonorités de cette musique joyeuse et festive. C’est au Centre des loisirs de Quint-Fonsegrives à 21h00.
Le blues rock de Popa Chubby est à l’image du bonhomme : trapu et débordant de générosité. Ce chanteur et guitariste new-yorkais est un personnage rabelaisien qui a séduit la France en premier lieu. Grand fan de Jimi Hendrix, il sait également tendre l’oreille vers toutes les tendances musicales, et ne dédaigne pas d’incorporer des influences pop et rap dans son blues séminal, produisant un hard blues urbain tendu. Son vingtième album Universal Breadown Blues sorti en 2013 fut un véritable retour aux sources vers les débuts, dans le milieu des années 1990. I’m Feelin’ Lucky est sorti en octobre 2014.
La brochure ou les détails sur site sont indispensables pour faire votre choix, mais sachez que vous ne courez pas à la ruine. Il faut en profiter, sans modération.
Michel Grialou
Jazz sur son 31
du 08 au 23 octobre 2016
Crédits photos
Automne Club @ François Canard
Sarah-Lenka © Hugues Anhäs
Paul Lay © Baptiste Millot
Cyril Amourette © Thierry d photographie
Chucho Valdés et Joe Lovano © Jimmy Katz
Ibrahim Maalouf Red & Black © Denis Rouvre
Gregory Porter © Shawn Peters
Leila Martial © Sylvain Gripoix
Esther Nourri © V.Gaitte
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