Concert ; Festival de Prades 2016, 64 iéme édition ; Prieuré de Marcevol/Arboulet ; Le 2 aout 2016 ; Joseph Haydn (1732-1809) : Les sept dernières paroles du Christ en Croix, Hob.III 50-56 ; Quatuor Talich : Jan Talich et Roman Patocka, violon ; Vladimir Bukac, alto ; Petr Prause, violoncelle.
Les TALICH ou la pondération exacte
Certes l’Abbaye Saint Michel de Cuxa est emblématique des grands concerts du festival de Prades, mais des lieux d’une grande beauté, plus difficiles d’accès et intimistes sont l’occasion d’émotions musicales très particulières. C’est ainsi que la route étroite et enrubannée pour monter à Marcevol n‘est pas sans évoquer, très confortablement, l’accès d’un chemin de croix.
S’agissant d’écouter les Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn le sentiment d’exception était bien présent d’autant que le petit prieuré était plein à craquer jusqu’aux dernières places du fond et sur les cotés. Le moment rare a été au delà de nos attentes. Le quatuor Talich qui nous avait déjà enthousiasmé nous a cette fois ému avec une gravité magnifique. Il paraît hors de propos de décrire ce qui s’est passé. La communion avec le public, si proche et retenant son souffle, l’engagement total des musiciens, leur compréhension des plus infimes parties de cette partition fleuve, tout cela a créé un moment rare et précieux. Si un mot peut caractériser le jeux des Talich s’est la pondération. Chaque note, chaque phrase et chaque mouvement a eu le poids exacte en terme de beauté sonore, concentration et intensité de jeux. Les nuances ont été calculées de manière à ce que le piano infime du violon, planant céleste, soit perceptible partout et que les forte envahissent tout l’espace. En ce sens le tremblement de terre final a été comme un cataclysme. Le prieuré a joué son rôle d’écrin idéal pour cette ouvre si dense.
La beauté sonore de chaque instrumentiste est sidérante, la construction d’ ensemble de cette suite de quatuors a été dramatiquement assumée et aboutie parfaitement. Le voyage dans lequel nous avons été convié était musical autant que spirituel. Les années de travail, de recherche et de complicité de cet extraordinaire quatuor trouvent en des moments comme celui ci une apothéose dans la communion si intime avec le public.
Hubert Stoecklin