Misogynes, tous et toutes misogynes !
et nous ?
Même si la pièce de Musset était déjà remplie de phallocentrisme quelle a été notre surprise de découvrir cette Marianne de Sauguet et Grédy . Le librettiste a coupé le seul moment de la pièce de Musset où Marianne prend corps, la partition de Sauguet est sans piquant et sans parfum comme la Rose du Bengale, la mise en scène sans couleur, les costumes passe-partout.
Marianne semble sans personnalité. Il s ‘agit d’un « jolie » porte manteau des fantasmes des hommes. Ainsi une femme de 20 ans devrait être obligée d’aimer ? Qui prescrit l’amour à part le dictateur ? Comment un homme peut il aimer à en mourir quelqu’un dont il ne sait rien ? Un mari qui rêve d’enfermer son épouse tue un supposé amant sur une suspicion olfactive et un séducteur vexé de ne pas plaire se retire, l’amoureux et l’ami se laisse tuer… comment imaginer histoire plus désolante ?
La musique de Sauguet démontre un certain savoir faire de composition mais peut on parler d’inspiration ?
Les voix sont toutes bien conduites, mais on dirait qu’il leur a été demandé de ne pas caractériser, ni incarner leurs rôles… Pourtant Aurélie Fargues a toutes les notes du rôle meurtrier dans la voix! ( nombreux contre ut et contre fa dièse inclus)
L’orchestre du Capitole est virtuose de bout en bout mais la direction honnête de Claude Schnitzler ne peut défendre une partition si dépourvue de lyrisme !
Cette coproduction qui a mobilisé bien des énergies va sillonner la France. Après Toulouse bientôt Bordeaux. Le choix de cette oeuvre reste pour votre serviteur un mystère complet.
Hubert Stoecklin
Toulouse. Théâtre du Capitole, le 31 janvier 2016. Henri Sauguet ( 1901-1989): Les Caprices de Marianne, Opéra-comique en deux actes sur un livret de Jean-Pierre Grédy d’après la pièce éponyme d’Alfred de Musset créé le 20 juillet 1954 au Festival d’Aix-en-Provence ; Nouvelle coproduction avec le Centre Français de Promotion Lyrique, et l’Opéra Grand Avignon, l’Opéra National de Bordeaux, l’Opéra-Théâtre de Limoges, l’Opéra de Marseille, l’Opéra de Massy, l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, l’Opéra de Nice, l’Opéra de Reims, l’Opéra de Rennes, l’Opéra de Rouen Haute-Normandie, l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne, le Théâtre du Capitole de Toulouse, l’Opéra de Tours, l’Opéra de Vichy . Oriol Tomas : mise en scène ; Patricia Ruel : décors ; Laurence Mongeau : costumes ; Étienne Boucher : lumières ; Avec: Aurélie Fargues, Marianne ; Julie Robard-Gendre, Hermia ; Marc Scoffoni, Octave ; François Rougier, Coelio ; Norman D. Patzke, Claudio ; Carl Ghazarossian, Tibia ; Xin Wang, L’Aubergiste; Tiago Matos , Le Chanteur de sérénade ; Julien Bréan, La Duègne ; Orchestre national du Capitole; Direction musicale : Claude Schnitzler.