« Les Caprices de Marianne », de Henri Sauguet, est à l’affiche du Théâtre du Capitole dans une mise en scène d’Oriol Tomas initiée par le Centre français de Promotion lyrique. La direction musicale est assurée par Claude Schnitzler.
Surtout connu pour la musique du ballet « les Forains », Henri Sauguet fut un compositeur très productif, mais aujourd’hui trop oublié. Créé au Festival d’Aix-en-Provence en 1954, sur un livret signé par Jean-Pierre Grédy d’après Musset, son opéra-comique « les Caprices de Marianne » est à l’affiche du Théâtre du Capitole. Mettant en valeur le talent de jeunes artistes, cette coproduction à laquelle contribue une quinzaine de maisons d’opéra francophones est initiée par le Centre français de Promotion lyrique.
La mise en scène est assurée par Oriol Tomas. Selon lui, « »les Caprices de Marianne » a toutes les caractéristiques du Romantisme : c’est une évasion dans une autre période et dans un autre lieu, à Naples, l’Italie rêvée des romantiques. Au centre du drame, on trouve l’amour impossible, causant tristesse, mort, nostalgie, vide, destruction et deuil – sujets universels et particulièrement romantiques. Marianne est au cœur d’un triangle amoureux composé de Coelio, Claudio et Octave. Coelio, qui évoque l’amour fou et la passion, la laisse indifférente. Claudio, le mari, qui représente l’autorité, le pouvoir, la force de l’ordre et du droit, l’opprime. Finalement, Octave qui incarne l’amour, la liberté, la vie, la jeunesse et la fidélité en amitié, envoûte Marianne. Musset, en précurseur, la conduit sur la voie des revendications féminines, alors qu’il ancre ses personnages masculins dans un carcan traditionnel», constate le metteur en scène.
L’Orchestre du Capitole est dirigé par Claude Schnitzler. Pour ce dernier, «lorsque Sauguet compose « les Caprices de Marianne » d’après l’œuvre de Musset, il est dans sa pleine maturité créatrice, ayant à peine dépassé la cinquantaine. Son immense talent est reconnu et il peut se prévaloir d’un catalogue très varié qui aborde à peu près tous les genres, de l’opéra à la symphonie, en passant par la musique de chambre. Il s’illustre également avec bonheur dans le domaine de la mélodie, du ballet et de la musique de film. Sur un livret de Jean-Pierre Grédy, Sauguet fait preuve d’une inventivité étonnante ; il excelle à créer des climats spécifiques, passant de l’ombre à la lumière, de la tragédie à la farce, parsemant sa partition de trouvailles inattendues qui sont autant d’agréables surprises pour le spectateur. C’est un ouvrage de très grande qualité, qui ne recherche pas l’innovation à tout prix, mais qui s’inscrit dans la continuité de l’histoire de l’opéra-comique français. Les modèles de Sauguet sont principalement Debussy, dont il fut un admirateur inconditionnel, et Satie, qui eut une influence indiscutable sur son esthétique. Sans jamais plagier ses illustres prédécesseurs, il en retient l’esprit et forge son propre langage, très personnel, dont l’apparente facilité cache un discours musical très élaboré. Créateur fécond, inventif, personnalité à l’intelligence vive et exceptionnelle, son style se caractérise par un langage harmonique chatoyant, fondé sur une polytonalité raffinée, une rythmique complexe, avec des carrures irrégulières souvent surprenantes, une connaissance parfaite des voix solistes qu’il pousse à leurs limites extrêmes sans jamais aller au-delà du possible; par une science de l’orchestration aussi, faite d’une alchimie des timbres absolument exemplaire.»
Jérôme Gac
« Les Caprices de Marianne », du 22 au 31 janvier, au Théâtre du Capitole,
place du Capitole, Toulouse.
Tél. 05 61 63 13 13.
Rencontre, les soirs de représentation, 19h00.
Conférence : «Sauguet et l’esprit français», jeudi 21 janvier, 18h00 (entrée libre).
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photo: « Les Caprices de Marianne » © Alain Julien
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