Ponctuée de quelques parenthèses contemporaines, la nouvelle saison très classique du Ballet du Capitole s’ouvre au Théâtre du Capitole avec une nouvelle version de « Giselle » signée par Kader Belarbi.
Depuis 2011, Kader Belarbi est directeur du Ballet du Capitole, l’un des rares ballets classique en France, qui regroupe 35 danseurs de onze nationalités. Le chorégraphe prévient : « Il convient de faire revivre le répertoire pour lui redonner vie dans son esprit et non seulement dans sa lettre; mais ce regard vers le passé, compris et digéré, doit nous servir à mieux nous projeter dans l’avenir et à donner un sens à notre art, en l’inscrivant dans son temps. Après ces trois premières saisons, je souhaiterais permettre aux danseurs d’aller plus loin dans l’exploration d’un langage et d’une vision personnelle ».
Cette nouvelle saison s’ouvrira avec une nouvelle production de « Giselle » signée par Kader Belarbi, d’après Jules Perrot et Jean Coralli. Histoire d’une jeune paysanne trahie chorégraphiée sur un livret de Théophile Gautier, ce chef-d’œuvre du ballet romantique est pour lui une pièce fétiche, l’ayant interprétée dans plusieurs versions en tant qu’Étoile de l’Opéra de Paris. Soucieux d’accentuer la dualité entre monde terrestre et surnaturel, Kader Belarbi souligne que «le thème romantique de l’amour plus fort que la mort est évidemment ici pleinement à l’œuvre. Plus que dans tout autre ballet, dans « Giselle », le mouvement se transforme en langage de l’âme».
Selon lui, «aujourd’hui, un Ballet d’envergure se doit d’avoir à son répertoire un « Giselle » de belle facture. Pour cela, il doit, entre autres, être doté d’un Corps de ballet féminin de qualité. C’est ce que je tente de mettre en œuvre au sein du Ballet du Capitole. En tant que directeur de la danse, je veux inscrire une nouvelle production de « Giselle » au répertoire du Ballet du Capitole, à travers ce qui m’a été transmis par les chemins de la tradition de l’école française, en étant fidèle à l’esprit et à la lettre. Pour cela, je me suis replongé dans les écrits de Théophile Gautier, dans les sources musicales d’Adolphe Adam et dans le contexte de l’œuvre, depuis sa création en 1841 jusqu’à nos jours. J’adore ce ballet, mais je voudrais le revisiter, respecter la tradition en la vivifiant avec le regard de ce que nous sommes aujourd’hui», confesse-t-il. Dans la fosse du Théâtre du Capitole, Philippe Beran dirigera la musique d’Adolphe Adam.
Archétype du ballet pantomime et autre ballet représentatif de l’école française, « Coppélia » sera dansé par le Ballet du Capitole dans la version de Charles Jude – Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris et directeur du Ballet de l’Opéra de Bordeaux. Revisitant entièrement le ballet original, le chorégraphe rend hommage aux comédies musicales américaines dans un spectacle vif et coloré. Le chef d’orchestre américain Nathan Fifield dirigera la partition de Léo Delibes au Théâtre du Capitole.
Kader Belarbi a pour ambition de «donner une nouvelle identité à la compagnie qui affiche une trentaine d’entrées au répertoire en trois saisons – fait rare en Europe et unique en France. La nouvelle histoire du Ballet du Capitole est en cours d’écriture avec un répertoire qui s’enrichit de grands noms de chorégraphes tels que Rudolf Noureev, Serge Lifar, Maurice Béjart, Michel Fokine, Roland Petit, Thierry Malandain, Angelin Preljocaj, Maguy Marin. C’est sur la base de ce travail de fondation que le Ballet peut aujourd’hui aspirer à s’imposer comme une compagnie ouverte aux propositions de nombreux chorégraphes et devenir un outil au service de la diversité des langages chorégraphiques. Il faut poursuivre en créant de manière forte, structurelle, ce lien entre le passé et l’avenir, entre le répertoire revisité et les nouvelles créations.»
Trois pièces de deux chorégraphes constitueront le programme «Paradis perdus» conçu pour l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines de Toulouse. Créé en 1997 par les danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris, « Salle des pas perdus » est chorégraphiée sur des pièces pour piano de Serguei Prokofiev. Cette pièce de Kader Belarbi fera son entrée au répertoire de la compagnie, tandis qu’il présentera en création mondiale « Mur-Mur », conçue sur les « Canti di prigionia » (Chants de prison) de Luigi Dallapiccola. Pour sa première collaboration avec la compagnie, le chorégraphe espagnol Angel Rodriguez créera « Thousand of Thoughts » pour le Ballet du Capitole. Il y rendra hommage aux Treize Roses – nom donné aux treize jeunes filles fusillées le 5 août 1939 à Madrid par le régime franquiste – sur la musique du compositeur contemporain Gavin Bryars.
Le dernier programme de la saison verra l’entrée au répertoire du Ballet du Capitole de l’un des plus grands chorégraphes français du XXe siècle. On découvrira en effet à la Halle aux Grains « l’Oiseau de feu » dans la version de Maurice Béjart conçue sur la suite pour orchestre qu’Igor Stravinski a tiré de son ballet. Le Grand Pas de « Paquita » (photo), dans la chorégraphie d’Oleg Vinogradov, sera également présenté à cette occasion.
Comme les saisons précédentes, chaque spectacle de la compagnie est accompagné notamment de rencontres avec le public et d’une projection de films à la Cinémathèque de Toulouse. Pour Kader Belarbi, «le Ballet du Capitole est un passeur, passeur de générations, passeur de styles, passeur d’émotions. Le mot «ballet» souffre aujourd’hui encore de tant de clichés. En ouvrant au public les cours de danse, les répétitions, en proposant des démonstrations et un atelier chorégraphique ouvert à tous, en créant des partenariats avec d’autres lieux culturels et institutions comme la Cinémathèque de Toulouse, j’espère arriver à faire changer cette image. Les rencontres et les rendez-vous réguliers offrent une nouvelle façon d’aborder les œuvres, de connaître la danse et d’enrichir l’expérience du spectateur».
Jérôme Gac
« Giselle », du 20 au 31 décembre,
au Théâtre du Capitole,
place du Capitole, Toulouse.
Tél. : 05 61 63 13 13.
Rencontre, jeudi 17 décembre, 18h00,
au Théâtre du Capitole (entrée libre).
Projection:
« Yvette Chauviré, une étoile pour l’exemple »,
mardi 15 décembre, 19h00,
à la Cinémathèque de Toulouse,
69, rue du Taur, Toulouse. Tél. : 05 62 30 30 11.
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photos © David Herrero
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