La saison de l’ONCT est terminé, et pourtant voilà une heureuse surprise encore à la Halle dans le cadre du Festival Toulouse d’été : c’est notre orchestre, le réputé ! Orchestre National du Capitole de Toulouse, dirigé par un tout jeune chef français, soyons un peu chauvin, et qui débute même ses études plus poussées de la musique à Carcassonne. Qu’il va quitter très vite car le jeune homme est pressé. La lecture de sa bio concernant ses premières années est impressionnante. Et s’il se retrouve à diriger ce soir un des meilleurs orchestres symphoniques français, ce n’est pas le fruit du simple hasard. Il va nous en faire une superbe démonstration.
Sachez qu’il a déjà dirigé en France comme en Allemagne de superbes orchestres de renom, qu’il est depuis ses 20 ans directeur musical d’un orchestre d’amateur parisien, l’Orchestre Impromptu. Fondateur aussi d’un orchestre à géométrie variable, Le Balcon, qui lui permet de développer sa vision du spectacle musical : ce doit être une expérience saisissante et radicale pour les spectateurs. Le concert sera une parfaite illustration de son propos.
Enfin, il est le premier français à remporter le Nestlé and Salzburg Festival Young Conductors Award en 2014. Le jury pour 2015 sera présidé par …Placido Domingo qui ne l’oublions pas, fait aussi une carrière de chef !
Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel en introduction va nous servir surtout à apprécier toutes les qualités des pupitres sollicités de l’orchestre qui répondent tous avec bonheur aux gestes amples du chef qui ne s’économise pas déjà !
Même travail dans le Concerto pour cor n°3 de Mozart avec pour soliste notre premier cor solo de l’orchestre, Jacques Deleplanque. Toutes les délicatesses et possibilités de cet instrument sont rendues avec tout le talent qu’on lui connaît avec un accompagnement orchestral sans faille. On est chez Mozart, et est-ce la fréquentation de la classe de François-Xavier Roth par le chef mais, on avait l’impression que l’orchestre sonnait …Mozart ! En tous les cas, plus que ce dimanche 16 janvier 2005 pour ce même concerto.
La Symphonie n°8 de Dvorak, c’est pour Maxime Pascal. Quelle débauche d’énergie ! Il fait corps littéralement avec l’œuvre, durant les 4 mouvements et arrivent en lambeaux pour les derniers accords qui le laissent livide ! Mais entre temps, les appels à la trompette étaient bien là, le pupitre de contrebasses aussi, toutes les interventions des vents furent une démonstration, et l’énergie réclamé aux violons n’avait d’égale que celle des altos et violoncelles. Mais pour une interprétation aussi motivée il ne faut pas une seule faille orchestrale, surtout des cuivres. Ils furent comme à l’accoutumée du tuba aux cors, sans peur et sans reproches. Slave, slave, semblait sussurer Anton à l’oreille de Maxime. Qui lui répondait galvanisé, sans baguette mais de façon suffisamment explicite. Un public subjugué acclame la prestation, orchestre et chef. Et l’orchestre remercie même le chef, à sa manière.
Brin d’émotion supplémentaire avec trois bouquets pour …trois départs en vacances prolongées de musiciens. Ce qui fait toujours un certain effet car on se figure, pour les voir, certains depuis 20 ans ou plus, qu’ils sont là pour toujours. Mais non, le travail à l’orchestre s’arrête mais pas la musique. Elle continue pour nous, pour les nouveaux, et pour eux bien sûr, différemment.
Michel Grialou
Orchestre National du Capitole