J’ai donc commencé cette 11e édition du Marathon des Mots, en douceur, en allant à la rencontre de Lydie Salvayre, à la librairie La Renaissance. Uniquement les derniers rangs tout en haut sont encore disponibles avant le début, il se rempliront au fur et à mesure que l’échange avance. Après une présentation de l’auteure se concluant par son roman « Pas pleurer » qui a reçu le prix Goncourt 2015 (j’en profite pour dire à la mairie toulousaine que c’était une chouette idée au moment de l’annonce du prix d’afficher le visage de Lydie Salvayre sur les colonnes Morris), elle confie qu’elle arrive au moment de la promotion de son livre où elle craint de se répéter. Les personnes ne l’interrogeront que très peu sur le livre en tant que tel, mais partageront plutôt une anecdote « je suis petite-fille d’exilé espagnol, et chez nous aussi, on …. » Chacun confiera une expérience, de cette gêne que les enfants ont quand leurs parents sont différents des autres, qu’ils roulent les R, de cette fierté à l’âge adulte d’être le fruit d’une double culture. Lydie Salvayre revient sur ce fragnol, mélange de français et d’espagnol, son hésitation à mettre une traduction, mais très vite, le choix de ne pas en mettre s’est imposé, ce qui lui a été reproché. Le public toulousain présent n’a pas été dérangé par l’absence de traduction, au contraire même.
Le soir, je suis allée écouter « Pas pleurer », lu par Ariane Ascaride, qui m’avait confié il y a quelque mois son plaisir de lire ce roman « Quand le Marathon m’a appelée pour savoir si j’étais disponible, et que je leur ai dit oui, ils m’ont demandé « Est-ce que cela vous dit de lire Lydie Salvayre ? ». J’ai répondu que j’arrivais ventre à terre ! Je suis très très fière. J’avais lu son roman, je l’avais adoré. C’est le cadeau que me fait le Marathon des mots. Ce livre est absolument formidable. Il me parle d’une manière incroyable. » (l’intégralité de la rencontre est ici).
Ariane Ascaride et Lydie Salvayre entrent ensemble sur scène. Assises côte à côte, l’auteure commencera la lecture, puis se retirera pour laisser seule à la table la comédienne. Elle n’a pas menti : son plaisir de lire ces mots-là est une évidence. Faisant tour à tour les différentes voix et les accents, Ariane Ascaride nous emporte dans cette histoire familiale. Lors de la rencontre, la libraire confiait que même si elle n’avait eu aucune difficulté à lire « Pas pleurer » puisqu’elle était bilingue, l’écriture de Lydie Salvayre permettait « de comprendre même quand on ne comprend pas » ces mots en fragnol. Tout le monde hier soir dans le théâtre du Capitol aura compris la signification de mot embarazada. Nous avons ri de ces confusions linguistiques, nous avons pleuré avec l’héroïne. Ariane Ascaride nous a fait l’honneur d’une très grande lecture en ouverture hier soir.
Et puis, même si ce n’est qu’anecdotique sur ces 60 minutes, je dois saluer la malice de son intervention en entendant une sonnerie de téléphone de la salle. J’adore !
Ariane Ascaride sera ce vendredi 26 juin à 18h aux Cloître des Jacobins pour lire « Danser les ombres » de Laurent Gaudé. Venez !