Annoncé par un titre dans la compilation de l’hiver dernier The Many Are One, puis sur scène à l’occasion des récentes soirées du label Beating Drum à Toulouse et Paris, le projet Horsdreamer de Roger Robinson et Piers Faccini vient de sortir un mini-album digital, un aperçu de l’album complet à paraître fin 2015 / début 2016.
Dans la maison Horsedreamer, les émotions on les distille, on les raffine jusqu’à sortir le jus du folk slowcore: une instrumentalisation épurée, des textures d’ambiance, une tension surnaturelle et des chansons à textes. A leur écoute, on a l’impression de plonger au cœur d’un puissant film épique, sans héros, et de se retrouver livré au seul sentiment d’une émouvante humilité.
Roger Robinson (poète « performer » et membre de King Midas Sound) s’est mis à écrire vers 2009 quelques textes de ce qui allait devenir Horsedreamer, un projet qui a cependant attendu sa rencontre avec le songwriter et producteur Piers Faccini pour voir le jour. Ensemble, ils ont consacré trois sessions dans le studio de Piers, niché au pied des montagnes du Sud de la France, à écrire et enregistrer une sélection de chansons pour cet album.
Elles sont le fruit du don d’écriture de Robinson et de l’habileté de Faccini à créer des mélodies et des arrangements pour coller au mieux à la force des mots. Tout à leur goût d’écrire des chansons à l’ancienne, ces deux artisans ont œuvré dans l’isolement du studio de Faccini pour ciseler des morceaux envoûtants.
« Un beau jour, Piers m’a invité à venir écrire dans son studio des Cévennes. Quand je lui ai montré ces textes inachevés que j’avais mis de côté, il a aussitôt réagi ! On a travaillé le songwriting de façon classique : j’écris les textes et Piers compose autour la mélodie, les arrangements, et ainsi de suite jusqu’à remplir la page. C’est comme ça que ça a commencé, c’est là que le duo est né.»
Pour ces amis de longue date, collaborer sur un projet d’écriture revêt un sens tout particulier quand on sait que leurs histoires familiales réunies ont leurs racines dans à peu près la moitié des peuples nomades et migrants du monde. Cette réalité infuse dans leurs chansons, avec la mélancolie de celui qui se sent pour toujours l’étranger, mais aussi la révolte et l’instinct de survie des populations déplacées. Horsedreamer est le chant de leur nomadisme ancestral, l’écho qui descend des plus hauts sommets jusqu’au fond des vallées. Des déserts les plus rudes aux prairies verdoyantes, doucement dans le murmure du vent chante Horsedreamer.
S’extraire du fracas, dessiner un espace intérieur, ouvert comme l’apaisement d’un désert, pour abriter la nécessaire solitude du moment ou encore donner du champ à la réflexion personnelle, c’est l’axe de Horsedreamer. Roger est un formidable story-teller. Pour lui une histoire racontée est d’abord un cadeau, une sincérité primordiale qui fait l’élan, l’accroche, et le courant qui passe. Les arrangements minimalistes dans un style folk épuré vont ensuite transporter sans l’affaiblir l’émotion originelle vers l’audience, le public. On le reçoit comme ça en concert, emmené par la force tranquille de Robinson et les harmonisations de Faccini.
Le mini-album à télécharger quant à lui est joliment illustré et mis en valeur par les réalisations artisanales des passionnés de chez Beating Drum. Là aussi, l’essentiel est simple et puissamment expressif. Jugez plutôt.
Pour ceux qui préfèreront acheter le mini-album en circuit court directement auprès du label, un joli petit livre est offert en bonus : images dessinées et colorées par Piers Faccini, sur une histoire de Roger Robinson (#collector!!).
Et pour tout le monde, cadeau de ces tout derniers jours, voici le video-clip réalisé par Piers Faccini pour le titre « Mexico ». Piers poursuit son exploration de l’animation image par image, faite à la main et avec les moyens du bord : « Je suis loin d’être un pro dans le genre, mais je me suis bien amusé à réaliser celle-ci ! Je n’ai pas de matériel spécialisé et mes compétences techniques sont très limitées en matière de cameras et de logiciels.
Pour tout dire, j’ai poussé à l’extrême l’idée de « travail pauvre » avec les seuls outils que j’avais en ma possession : l’aquarelle, du papier A4, et un scanner Canon de base ; et pour le montage, iMovie m’a suffi. Difficile de trouver un film plus artisanal ! »
Girl you took the hand
of this broken man
and you showed me where to go
cross the desert sands
to the borderlands
where the Rio Grande flows
You took me cross the river
and we were soaked
down to our bones
to find a place to live
and try to make a happy home
in Mexico Mexico Mexico
Mexico Mexico Mexico
Life is simple here
and the skies are clear
and the land is fit to farm
Trees are full of fruit
and the livings good
Built a house with muddy hands
You took me cross the river
and we were soaked
down to our bones
to find a place to live
and try to make a happy home
Mexico Mexico Mexico
Mexico Mexico Mexico
Now our life has changed
and we cant be blamed
cause the law makes up their lies
Tried to pin the crime
but we wont do the time
We killed no man who shouldnt die
You took me cross the river
and we were soaked
down to our bones
to find a place to live
and try to make a happy home
Mexico Mexico Mexico
Mexico Mexico Mexico
Pierre David
un article de la Maison Jaune
D’après nos entretiens avec Piers Faccini et Roger Robinson (avril-mai 2015)
Photographies live de Roger Robinson et Piers Faccini publiées avec l’aimable autorisation et © d’Emilie Sablik pour http://www.thoriumphoto.com/