Avec son quatrième opus, Bernard Minier traverse l’Atlantique et laisse, momentanément, son cher Sud-Ouest et ses Pyrénées, ainsi que son héros, le commandant Servaz et son ennemi juré, l’épouvantable Hirtmann. Le voici donc au pays de l’Oncle Sam et plus particulièrement sur cette zone frontière et pluvieuse située entre le Canada et les USA, au nord de Seattle, un endroit sauvage, constellé d’îles plus ou moins hospitalières.
C’est après avoir fait des repérages précis, un peu comme au cinéma, que Bernard Minier s’est lancé dans son dernier roman.
Surprise, ce livre s’écrit à la première personne. Henry, le narrateur, est aussi le héros d’une histoire sombre, tourmentée, sordide, sanglante, angoissante et pleine de suspense.
Une putain d’histoire, pour plagier ouvertement le titre de ce livre. Où il est question d’une bande de grands ados unis comme la chair et l’ongle, une bande qui va être passablement secouée par la disparition tragique autant que dramatique d’une fille de leur joyeuse équipe. Il serait criminel d’aller plus avant dans ce scénario alambiqué, propice à tous les rebondissements, le type de scénario qui accélère votre cœur comme votre lecture. Vous voyez ce que je veux dire…
Au travers de cette aventure criminelle, Bernard Minier, avec le talent de conteur que nous lui connaissons bien à présent, traite au passage de différents problèmes, comme ceux de la famille homoparentale, de la quête d’une identité perdue, de l’intrusion invasive des dernières technologies dans notre vie privée.
Un superbe polar plein de frissons sur la manipulation. Superbe !
Robert Pénavayre
une chronique de Classic Toulouse
« Une putain d’histoire », roman de Bernard Minier – XO Editions – 525 pages