Méga CGR BLAGNAC, le jeudi 29 janvier à 20h15, c’est confortablement installé que vous pourrez vous transporter jusqu’au Royal Opera House de Londres – ni plus, ni moins que le Covent Garden – pour assister EN DIRECT à une représentation de cet opéra de Giordano, Andrea Chenier. Ce n’est pas faire offense au reste de la distribution, de niveau international évidemment mais, le public se sera déplacé en masse pour “boire“ littéralement à cette fontaine de mots et de sons, livrant actuellement les plus grandes émotions pour chaque inflexion de cette voix si caractéristique, voix sombre de ténor, voix venant du cœur et du cerveau à la fois, un atout rare. C’est LA voix tout simplement de…. Jonas Kaufmann, ténor assoluto.
C’est dans une nouvelle production flamboyante de ce drame historique en 4 actes sur un livret en italien, mis en scène par David Mc Vicar, que l’année débute au Covent Garden, trente ans après la dernière apparition, en 1985, de cette fresque historique. Directeur musical de la Maison depuis 2002, le chef d’orchestre, Antonio Pappano, dirige cette production. Le librettiste de renom, Luigi Illica, n’est autre que celui de Tosca, Madame Butterfly, La Bohème. Cet opéra fut créé à la Scala le 28 mars 1896.
Le livret relate la destinée du poète Andrea Chénier, enthousiaste aux débuts de la Révolution, en 1789, et guillotiné en 1794 pour s’être élevé contre les excès de la Terreur. Il a surtout aussi, le tort d’être amoureux de Madeleine, la Comtesse Madeleine de Coigny et d’entrer en concurrence avec Gérard, Charles Gérard, chef des laquais démissionnaire, révolutionnaire qui haït la noblesse, tout en étant épris de la Comtesse. Le poète va se retrouver arrêté pour avoir manifesté sa désapprobation contre les tribunaux, sa sentence de mort prononcée, le réquisitoire signé par Gérard, et conduit en prison puis à l’échafaud accompagné de …Madeleine qui usurpe la place d’une condamnée afin de mourir avec l’amour de sa vie.
Maddalena, c’est la soprano hollandaise Eva-Maria Westbroek qui interprète un des airs les plus connus chanté par les sopranos dramatiques, le fameux : « La mamma morta », un des sommets du chant vériste. La partition offre d’autres grand airs comme le chant des miséreux : « la notte il giorno » ou celui de la vieille aveugle : « son la vecchia Madelon » mais aussi de belles pages : « L’Improvisation » de Chénier, le récit de Maddalena : « Eravate possete » et le : « Nemico della patria ? » de Gérard par le baryton Zeljko Lucic qui avoue son désir dans une autre page célèbre : « Perchè ti volli qui ? ». C’est là que Madeleine va s’offrir à lui en échange de la liberté de Chénier, et réussir à l’émouvoir, ce qui ne suffira pas pour sauver le poète.
Enfin, si Gérard et Maddalena sont les vrais moteurs de l’action, c’est cependant le lyrisme de Chénier qui articule les actes, comme un long Hymne à l’Amour, au troisième l’amour de la Patrie, au quatrième l’amour de la femme enfin choisie. « La nostra morte è il trionfo dell’amor ! » dit Chénier en fin du quatrième acte, phrase que reprend aussitôt Maddalena, avant l’arrivée de la charette.
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Quelques mots encore sur la « star » de la distribution :
Jonas Kaufmann, le ténor lunaire à la voix sombre, qui semble avoir toutes les qualités, LE ténor que finalement le monde attendait, le ténor qui vous électrise n’importe quelle salle de concert, le ténor dont chaque prise de rôle est événementielle, le ténor au physique très avantageux dont la présence sur scène rend le personnage incarné tellement plus crédible encore, le ténor au fan-club digne d’une rockstar, le ténor qui vous fait traverser l’Europe pour quelques minutes de lieder, un ténor au dosage conflictuel mais harmonieux, d’intelligence et d’instinct. Ah ! il est loin et proche à la fois le temps du Wilhelm Meister du Mignon d’Ambroise Thomas au Théâtre du Capitole un certain 20 mai 2001 !!! Ce jour-là, soir de la première, Jonas Kaufmann était aphone !!! Il a joué son rôle sur scène pendant que Mr Butterfield chantait en loge d’avant-scène. Plus tard, ce fut un Voyage d’hiver. La salle n’affichait pas complet. Le 19 février 2007, un récital avec son acolyte au piano Helmut Deutsch. Au menu, Britten, Schubert, Richard Strauss, même remarque. Les temps ont bien changé.
Jonas Kaufmann étudie à l’Académie de musique de Munich, sa ville natale, et participe à des master classes avec Hans Hotter, James King et Josef Metternich. Pendant ses cinq années sur scène au Théâtre National de Sarrebruck, il poursuit sa formation avec Michael Rodes à Trèves (Allemagne).
Après des engagements à Stuttgart, Francfort, Hambourg et Milan – dans la production de Così fan tutte de Giorgio Strehler et dans Fidelio (Jaquino) avec Riccardo Muti –, Jonas Kaufmann se produit à l’Opéra de Zurich en 2001, ce qui constitue le point de départ de sa carrière internationale. En 2010, il fait ses débuts au Festival de Bayreuth dans le rôle-titre de Lohengrin dans la spectaculaire mise en scène d’Hans Neuenfels.
Au niveau international, Jonas Kaufmann est autant demandé dans les répertoires italien et français que dans l’opéra allemand. Il a chanté Werther de Massenet à Paris et à Vienne, Cavaradossi dans Tosca de Puccini à Londres, au Met et à la Scala. Son intense interprétation de Don José dans Carmen de Bizet lui a valu de nombreux fans à travers le monde. Le ténor aime incarner des personnages bouleversés, s’immergeant totalement dans leur univers et rendant leurs pensées et leurs émotions remarquablement crédibles. Son physique avantageux est bien un atout supplémentaire indéniable surtout dans certains rôles lui offrant une crédibilité hors normes. C’est bien sûr le cas dans le rôle de ce poète.
Au-delà de ses qualités vocales et musicales, c’est son identification totale avec ses rôles qui lui a valu un grand enthousiasme de la part de la critique et du public. Ce fut notamment le cas avec ses débuts dans le rôle de Siegmund dans La Walkyrie de Wagner au Metropolitan Opera de New York au printemps 2011.
En 2012, il a fait ses débuts dans le rôle de Bacchus dans Ariane à Naxos de Richard Strauss au Festival de Salzbourg. En décembre 2012, il est retourné à Milan pour l’ouverture de la nouvelle saison de la Scala avec une nouvelle production de Lohengrin sous la direction de Daniel Barenboïm et mise en scène par Claus Guth.
2013 a été l’année de Wagner et de Verdi : après la nouvelle production de Parsifal au Met et le retour de Don Carlo au Covent Garden, il a de nouveau donné ce dernier à Munich et à Salzbourg. En outre, il a fait ses débuts dans deux rôles verdiens : Manrico dans Le Trouvère et Alvaro dans La Force du destin, tous deux dans des nouvelles productions du Bayerische Staatsoper de Munich.
Jonas Kaufmann est également très demandé en concert et en récital. Il voit le lied comme la « classe royale du chant », puisque ce répertoire demande considérablement plus de finesse que dans toute autre discipline vocale. Sa collaboration avec le pianiste Helmut Deutsch, avec qui il travaille depuis ses années étudiantes à Munich, a donné lieu à un nombre conséquent de concerts, dont un sur la scène du Metropolitan Opera de New York en octobre 2011, qui fut le premier récital solo dans cette salle depuis Luciano Pavarotti en 1994 ! et un à Toulouse – voir ci-dessus !
Michel Grialou
Opéra en direct du Royal Opéra House de Londres
Cinéma Méga CGR de Blagnac – jeudi 29 janvier 2015 à 20h15
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